Une chambre d’hôpital. Ses murs crème. Son unique fenêtre remplie de ciel pour croire à l’échappée. Cette trouée use le regard du reclus au corps abîmé, rarement dupe. « Je me sens dans une parenthèse de la vie, comme pendant les vacances, autrefois ; mais cette parenthèse-là est peut-être définitive », note la narratrice de La Liquidation. Souffrant d’un « mal logé dans son ventre », une maladie jamais nommée, cette patiente s’accorde le répit de l’écriture. Dans son cahier, un « petit rien qui accroche les jours les uns aux autres », elle consigne le quotidien de l’hôpital, voué à la démolition, à la liquidation. Les infirmières, la visiteuse bénévole, les voisins d’étage traversent la chronique, croqués en quelques attitudes, sans apitoiement. Peu à peu, l’ombre du frère disparu impose sa nostalgie à ce huis clos hospitalier. Avec cette évocation douce-amère, Katherine L. Battaiellie, auteur de poésies (Scènes avec personnages, 1993) et de nouvelles (L’Étrange cas de la boulangère, 1997), séduit dans ce premier récit par une langue sobre, plaintive, mais terriblement captivante.
Katherine L. Battaiellie
Gaspard Nocturne
114 pages, 111,50 FF (17 €)
Domaine français La liquidation
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Pascal Paillardet
Un livre
La liquidation
Par
Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.