Lawrence Durell disait s’installer dans le Midi de la France pour fuir la « mort anglaise », cette foutue grisaille britannique. Auparavant, cherchant son Sud profond, il avait sacrément bourlingué. Tout comme Stevenson ou encore Christopher Hope, anglophone d’origine irlandaise, né à Johannesbourg dans les années cinquante, qui après avoir vécu à Londres pendant une vingtaine d’années vint s’installer entre Carcassonne et Narbonne. Après Serenity House ou les Vieux jours de l’ogre et À travers l’Angleterre mystérieuse (Actes Sud 1996, 1998) il offre avec Le Roi des horloges, fiction dans laquelle il joue son propre rôle, une somptueuse galerie de portraits décalés, d’indigènes ou d’expatriés. Loin des stéréotypes, de la couleur locale, Hope accepte la quotidienneté dans tout ce qu’elle a de plus banal, il la vit de l’intérieur, ce qui lui permet de découvrir des pépites humaines à qui il confère une dimension mythique, voire fantastique. Ses personnages ressemblent à ces objets dont le roi des horloges, son héros brocanteur parsème son petit cosmos intérieur après les avoir collectés, détournés de leurs fonctions d’origine parce que ça l’aide à vivre. Ça l’aide à cacher la mort qu’il met d’une certaine manière en scène. Ainsi Mme La Pipe n’apparaît pas comme une vieille pute qui arpente le canal du Midi, mais comme une médiatrice pleine de sagesse qui se meut entre au-delà et réel. Ce roman a les défauts de ses qualités, trop de générosité par rapport aux êtres, aux anecdotes, aux longueurs, récit pas assez structuré. Reproches faits aussi à Durell et à Joyce avec qui Hope partage qualités de plume, intuition et même amour de l’hum
LE ROI DES HORLOGES
LCHRISTOPHER HOPE
Traduit de l’anglais
par Annick Le Goyat
Actes Sud
302 pages, 139 FF (21,19 o)
Domaine étranger Corbières tragiques
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Corbières tragiques
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°35
, août 2001.