La photographie chez Gérard Macé résulte d’une écriture, d’autant plus mûrie qu’elle n’est venue que tardivement et qu’il peut porter sur elle une réflexion, un regard critique qui n’empêchent ni la spontanéité ni l’abandon aux sujets. « Les photographies que je préfère sont celles qui ont une objectivation de quelque chose qui resterait à l’état intime, caché à l’individu lui-même. Ce qui n’est pas le subjectif. Il y a révélation d’un monde qui s’objective. La photo permet de ne pas penser quand on la pratique… » Cette absence de pensée, ce vide fait en soi : comment les pratiquer ? « Certaines photos peuvent être préméditées. On peut au contraire accueillir les circonstances, ce qui fait monter l’adrénaline puisqu’on n’est pas sûr du résultat, on ne maîtrise rien. Là, il y a quelque chose d’extraordinaire, on cadre et on cueille. Dans l’écriture je suis plus dans la rumination, avec la photographie je suis dans l’instinct. J’ai cru à un moment que j’arriverais à écrire un dernier livre pour être débarrassé de ce vice mais je replonge régulièrement ! La photographie est une activité plus physique, ça oblige à sortir, ça va avec le goût de la flânerie, c’est un prétexte extraordinaire pour ne rien foutre (rires) ». Le photographe… l’écrit lui-même : « La photographie c’est s’entraîner à l’absence mais en laissant des traces. » De ses voyages en France, Syrie, Japon ou en Europe de l’Est, Gérard Macé a balisé ainsi un autre itinéraire où les figures interrogées restent silencieuses même s’il parvient à atteindre ce plaisir du photographe : « Animer l’inanimé ».