On se fourvoierait en ne voyant dans Les Choses communes que nombrilisme, fausse modestie, absence d’écriture et prétention à être moins (ou plus ?) commun que les autres. Ce serait être insensible à la richesse et à la variété de ce qui se déploie au long des longues 244 pages de l’ouvrage : une vision politique acérée et courageuse (« Je me souviens que l’on ne nous dit pas toute la vérité, qu’il s’agit plus de fric et de politique que de vie »), une réflexion philosophique complexe mais puissante (« Je me souviens qu’il serait temps de se poser d’autres questions et de considérer la problématique d’un autre point de vue »), une analyse universelle de la psychologie humaine (« Je me souviens de ne pas avoir eu peur dans l’avion, mais qu’à force de le prendre d’avoir de plus en plus peur »), sans oublier une transmutation poétique du quotidien (« Je me souviens que je supporte mieux le soleil de montagne que celui du bord de mer ») et de fulgurantes impressions artistiques (« Je me souviens de 37°2 le matin de Beinex »). Ne reste donc plus qu’une seule chose commune, dans cet ennuyeux chapelet de souvenirs : qu’un éditeur l’ait publié.
Les Choses communes
de Nicolas Pages
Flammarion - 234 pages, 99 FF
Domaine français Les choses communes
avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34
| par
Jérôme Pellissier
Un livre
Les choses communes
Par
Jérôme Pellissier
Le Matricule des Anges n°34
, avril 2001.