Rehauts, c’est un principe, tente d’établir des points de rencontres entre écrivains et peintres (ou l’inverse, ces derniers, Pomereulle et Potage, faisant l’en-tête du sommaire). Pour cette sixième livraison, les voix se font intimes, c’est un murmure de textes qui requiert du lecteur une dispositition silencieuse. Bo Carpelan, (que publiera bientôt L’Atelier La Feugraie), grave des figures d’absence par une écriture d’une douceur bien incisive (« Pourquoi la grande maison est-elle sans lumière,/ toute la vaisselle laissée en plan, le jardin rendu à l’état sauvage ?/ Personne n’est là pour retenir, ou pour poser des questions. »), Yves Charnet (Savanah Bay, c’est toi) donne des notes troublées, contaminées, un temps, par la voix de Duras ; recomposant, plus loin, « une famille…dans l’imaginaire ». À ces deux très belles contributions, on adjoindra les noms de Robert Marteau, Pierre Lafargue, Gilles Ortlieb, Nicolas Cendo.
Rehauts N°6
110 pages, 75 FF Abt 2 n° : 120 FF
105, rue Mouffetard 75005 Paris
Bien que fort éloignée du ton de la précédente, la revue If N°17 propose aussi de courtes proses poétiques de Nicolas Cendo : une tentative de détailler le monde par un zoom cherche la place, la trace, de l’homme (« Porte entrebâillée sur un seuil, dont on voudrait trouver l’absent »). Fabienne Yvert livre un carnet du « temps qui passe » : un chapelet d’anecdotes relevant ce qui ne passe pas ou mal, aussi (« En juin des mirages (!!) sont passés sur le vieux port en laissant dans le ciel une publicité pour un site internet avec des signaux de fumée… damned. Ni terre ni mer ni ciel. ») Pierre Alféri donne un récit dialogué, exclamatif, qui désosse l’espace imaginaire de la Micronésie (emprunts de Jules Verne revendiqués) : c’est cocasse, absurde, comme un film aux images perdues dont on aurait collé bout à bout les restes. À découvrir, Caroline Dubois : une écriture systématique souvent perturbée d’hallucinations auditives, traversées par le film Blade Runner, achoppant sur des « mmm » et des « talala » d’avant la parole.
If N°17
80 pages, 70 FF Abt 2 N° : 120 FF -
32, rue Estelle 13000 Marseille
Le tribunal de Foix considèrant qu’un texte littéraire est assimilable à un article de presse, les plaignants trouvant que la manière « fantaisiste » avec laquelle un écrivain évoque des personnages portant même prénom qu’eux et c’est la revue Théodore Balmoral qui risque son existence pour atteinte à la vie privée. La solidarité et le bon sens invitent à donner l’adresse de cette excellente revue et à s’y abonner : Théodore Balmoral (abt 180 FF) 5, rue Neuve Tudelle 45100 Orléans.
Revue En feuilletant
janvier 2001 | Le Matricule des Anges n°33
En feuilletant
Le Matricule des Anges n°33
, janvier 2001.