Polar N°23
Sous sa couverture flanquée d’une pépée aux formes généreuses, le dossier André Héléna proposé par Polar ne manque pas d’allure. Il fallait bien ça pour compenser le désintérêt des éditeurs à son égard. Depuis la disparition en 1972 de ce forçat du roman noir, son œuvre gorgée de spleen et de guigne n’a pas vraiment suscité l’intérêt. Articulé sur des commentaires savants de Frank Evrard, Alfred Eibel, Jean-Pierre Deloux et Michel Marmin, ce numéro de Polar comporte une intéressante mise au point de Georges-Jean Arnaud qui explique pourquoi il préfère André Héléna à Léo Malet dont il fut « l’émule malchanceux » (M. Lebrun). « Héléna était son antithèse sans nul chiqué, sans accessoires bidons, pataugeant, croquenots (bâillant aux étoiles) aux pieds et non à l’épaule, dans le pastis peut-être mais en toute lucidité. Un adolescent déchiqueté par son enfance, la vie ; mais qui se rebellait non contre son propre sort, mais contre celui des Espagnols vaincus, des Résistants torturés, des taulards rejetés, les marginaux, les fauchés. » C’est un superbe plaidoyer pour cet « ami des humbles ».
Polar N° 23, 216 pages, 89 FF
Rivages, 106, bd Saint-Germain, 75006 Paris