La jeune et envoûtante Katia Pachenko se jette du haut d’une falaise ; un privé, déçu par l’amour, porté sur l’alcool, retrouve pied en enquêtant sur ce suicide plus louche qu’il n’en-a-l’air : l’argument de Techno Bobo est tout ce qu’il y a de plus traditionnel. Il n’en va pas de même pour son casting. Le privé, c’est une femme, Louise Morvan (déjà héroïne de deux précédents romans), et son unique client n’est pas le père ou le mari de Katia, mais son meilleur ami, Karim Abdoulazane… qui la fournissait en ecstasy. Drogues chimiques et musiques techno sont ainsi au cœur d’un récit qu’accompagne une bande-son omniprésente, depuis Daho cité en exergue (« Quand le démon de la danse/ me prend le corps je fais n’importe quoi ») jusqu’au boys band impliqué dans l’enquête, en passant par de multiples références à Prodigy, Doc Gynéco, Cheb Mami…
Cela fait beaucoup, sans doute trop. Il ne suffit pas, pour renouveler le genre, de projeter de voyantes figures contemporaines -les accros de la transe- dans les milieux phares de la modernité- boîtes parisiennes, raves d’Ibiza. Se méfiant des stéréotypes comme du manichéisme, Dominique Sylvain oublie d’ailleurs parfois les nécessités de la vraisemblance. Passe encore que le commissaire lise Duras ou que le dealer cite Maupassant, mais certains dialogues excessivement écrits font perdre patience. Ainsi des témoignages des adorateurs de Katia : la « fée élastique » dansait « comme les apcaras dans les temples khmers », ou mieux, encore, « comme on prie, surtout quand on ne croit plus en rien… » Formules à l’emporte-pièce, saillies d’autant plus regrettables que ce néo-polar bavard, lorsqu’il oublie ses prétentions à la littérature, peut se lire sans déplaisir.
Techno Bobo, de Dominique Sylvain
Viviane Hamy, 334 pages, 89 FF
Domaine français Des raves trop chou
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Gilles Magniont
Un livre
Des raves trop chou
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.