Romancier, poète, nouvelliste, essayiste, Henri Thomas publia également des carnets dans lesquels l’écrivain manifeste un discret mais éperdu désenchantement. Ces notes brèves (éditées initialement par Plon en 1989) sont une suite de souvenirs obsédants, de choses regardées et fuyantes, de désirs, de ressentiments, éclairée par un temps suspendu « où l’esprit reçoit l’empreinte de la réalité ». Le pressentiment fait figure ici de vigie devant les « houles de la vie ». Un geste, une rencontre, une évocation rêvée, une réflexion sur l’écriture, et c’est toute une pensée en errance qui se profile, échos d’un drame ou d’une beauté éphémères. Submergé par ce « vague au corps » (le vague à l’âme, dit-il, c’est pour la jeunesse, le jeune homme aux meilleurs jours ne sent pas son corps), Henri Thomas écrit le cœur renversé : « S’abandonner, se défaire, se remettre à demain, et pas pour se reposer, mais pour la pire fatigue -voilà notre vie, mes frères, qui nous faisons si bonne mine les uns aux autres. La tête, les doigts, les yeux sont hantés. »
Fata Morgana
112 pages, 96 FF
Domaine français Compté, pesé, divisé
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Philippe Savary
Un livre
Compté, pesé, divisé
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.