Le Colonel-oiseau pourrait commencer par « Il était une fois… ». Quelque part vers les Balkans, dans un monastère perdu en pleine montagne, un nouveau médecin psychiatre, atteint selon lui du complexe d’Hamlet (c’est-à-dire, toujours selon lui, de n’être jamais sûr de ses propres opinions) vient soigner une dizaine de fous. Abandonnée du reste du monde, cette petite communauté vit sous l’influence d’étranges terreurs, comme celle du loup. À l’approche de la nuit, l’un d’eux, Matéï, se trouvant trop petit, se tapit sous les lits par peur de se faire écraser.
Jusqu’au jour où les avions des Nations Unies parachutent par erreur dans ce monastère, des vivres et des vêtements chauds destinés en fait à Sarajevo. Ce don du ciel va tout bouleverser. L’un des fous va faire régner une discipline quasi-militaire et bâtir le projet de devenir une sous-division de l’ONU et de s’intégrer aux structures administratives européennes.
L’auteur, Hristo Boytchev, un Bulgare de 50 ans, a un parcours original. Cet ingénieur écrivait à ses moments perdus. Ce sont de jeunes acteurs qui ont rendu célèbre sa pièce La Chose.
Autre particularité, Boytchev s’est présenté à l’élection présidentielle dans son pays en 1996. Sa campagne était composée de happenings politico-comiques filmés dans la rue ou dans les lieux décalés. Boytchev décortique avec beaucoup d’humour la vie politique d’aujourd’hui pour mieux porter son attention sur les gens « de peu » que l’histoire dépasse. Son théâtre est un miroir, un jeu à facettes et pirouettes. Boytchev aime visiblement brouiller les pistes, bousculer les frontières. Particulièrement celles entre folie et raison. Pour mieux nous troubler…
Le Colonel-oiseau
Hristo Boytchev
Texte français
de Iana-Maria Dontcheva
Actes Sud-Papiers
56 pages, 55 FF
Théâtre Le droit des fous
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Le droit des fous
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.