Ce livre a le rythme d’une respiration dont les mots seraient l’expiration et les silences, l’inspiration. Le texte devient ici le matériau de l’écrivain alchimiste, et l’on pense à l’Alchimie du Verbe de Rimbaud : toujours cette tension vers l’impossible des mots, l’impossible de l’humain rêvant à la connaissance et sans cesse ramener à « l’obscurité du cœur de la phrase ». Avec cette constatation : « l’abrupte asyndète nous rattache ici à l’abîme et à nous-mêmes. »
Le mouvement en spirale nous élève : « Avec un fétu, je fonde l’acte de l’âme » avant de nous renvoyer à nos difficultés à vivre avec nous-mêmes : « S’approcher de soi sans se préférer ». Succession de questions, d’élans et de négations, chaque phrase se transmute en une pensée unique pourtant indissociable de l’ensemble du livre et l’or est cette clairvoyance en suspens que le lecteur reçoit ou refuse, troublé pourtant en refermant le livre.
Babel éditeur
(La métairie basse
81 200 Mazamet)
28 pages, 56 FF
Poésie Alchimie de la lenteur
janvier 1998 | Le Matricule des Anges n°22
| par
Corinne Robert
Un livre
Alchimie de la lenteur
Par
Corinne Robert
Le Matricule des Anges n°22
, janvier 1998.