Premier recueil de poèmes d’un professeur de lettres de 37 ans, La Fenêtre immobile, c’est juste le lieu d’où les yeux voient. Il y a des mouvements, des bruits, des éclats de son et de lumière partout, le jour lui-même devient une grande chaufferie grondante. Ce recueil est d’abord un concentré d’énergies. Des fragments de proses qui se mêlent à des vers concis et courts ressort la topologie d’une maison cernée par sa cour, du chien qui y traîne au ciel et à la terre alentour, des êtres qui y vivent lentement aux bruits de fourchettes et couteaux dans la porcelaine de l’évier. Dans l’immobilité, il y a des tintements vifs et pointus, une petite mécanique discrète mais active. Thierry Martin-Scherrer se tient dans ces contrastes, et tout, dans son écriture, est un balancement constant entre la lenteur d’un temps qui ne passe pas et ce qui vient toujours le miner, le faire sortir de sa gangue, l’exploser. Autant de bouts de réel, enfouis dans des fragments de vies quotidiennes : « Pas du chien sur la cour. Fête des pas perdus, écheveau/confus de ses fidélités, de ses attaches brutes : la mare,/le soleil, son compagnon tremblant sous la dictée du jour. »
Lettres vives
80 pages, 94 FF
Poésie La fenêtre immobile
juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
La fenêtre immobile
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°16
, juin 1996.