Bois en défends de Patrick Wateau révèle une parole poétique d’un lyrisme à la fois fervent et heurté. L’expression mallarméenne de « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » trouve ici un écho fidèle. Il s’agit d’une poésie aux résonances tribales où le corps fait par le chant l’expérience douloureuse de la réalité. Tels des leitmotive, les images de blessure et de sacrifice reviennent incessamment, les « dents » devenant dans leur éclat et leur arrachement le symbole de ces chants nostalgiques. Malgré l’essouflement et la crainte présents à chaque pas, Bois en défends affirme une écriture discursive donnant à cet ensemble poétique l’impression d’une secrète disposition harmonique : « Bleuis comme nous le sommes, /la neige bleue,/ nous la fatiguerons de nous./ La neige, mais moins peut-être./ Paupières pendantes jusqu’à terre/ nous mangerons le creux de nos gencives/ et dans des précautions d’oiseaux/ nous nous édenterons, mais mieux. »
Cheyne éditeur
58 pages, 80 FF
Poésie Bois en défends
février 1996 | Le Matricule des Anges n°15
| par
Marc Blanchet
Un livre
Bois en défends
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°15
, février 1996.