Le recueil de nouvelles de Panteleïmon Romanov (1884-1938), auteur russe publié pour la première fois en France, intitulé Des Gens sans importance, porte bien son nom et n’inspire guère à l’héroïsme. Les personnages de Romanov ont rarement une identité, unissant leur vie en une seule voix : celle du peuple russe des années 20. Sous prétexte d’amours impossibles, de scènes burlesques (et savoureuses comme Des gens mal organisées où une queue se constitue derrière un homme qui attend tout simplement son ami commerçant), l’ambiance de l’après-révolution défile sous nos yeux sans grande parade (problème de ravitaillement, remise en cause des valeurs morales, émergence du matérialisme) avec son cortège de fatalisme. « Le pouvoir prolétaire, indigent, dépense énormément d’énergie et d’argent pour que tout soit beau… tandis que dans notre vie personnelle, à l’intérieur de ces murs que notre pouvoir a décrassés, règnent la saleté et le désordre », grogne dépitée une jeune femme.
Romanov a l’art de composer des petites histoires de la nature humaine avec peu de choses. Un portrait, un dialogue, une lettre suffit à peindre le désarroi. Ses nouvelles aboutissent comme un profond languissement
Des Gens sans importance
Panteleïmon Romanov
Traduit du russe
par Luba Jurgenson
Editions du Griot
192 pages, 98 FF
Domaine étranger Russie, année zéro
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
Un livre
Russie, année zéro
Le Matricule des Anges n°4
, avril 1993.