Ce sont des textes courts. Pas de nouvelles. Des brèves. Des morceaux d’éclats, de coups d’éclats. Jean-Pierre Cannet est un tailleur de joyaux. En quelques lignes, quelques phrases, il vous dresse un univers cruel où la guerre est une vieille habitude. Avec quelques mots, il vous fait naître l’émotion, le rire, l’angoisse, la joie. Son monde, on y entre de plein fouet, sans courbette, sans façon ; parce qu’il est d’une évidence troublante malgré sa poésie : « Un jour on vient au monde, on vient. » Habile à nous mener par le bout du nez, l’homme sait aussi bien écrire. Ses phrases sont comme des cailloux que l’on glisse sous la langue, elles roulent en nous, pleines de saveurs que l’on ressuscite. « Elle vient de capturer un oiseau, il palpite entre ses doigts.
Si tu m’aimes tu le mets dans ton pantalon et le gardes tout le temps de la messe(…)
J’ai très soudain, son petit bec pris d’effroi, et si c’était un pivert ! »
Ces quinze brèves courent au fil d’un livre agrémenté des encres de Benoist Demoriane. A l’image du texte, elles ouvrent des mondes que l’on porte en soi.
Bris de guerre
Jean-Pierre Cannet
Benoist Demoriane
Editions Dumerchez et
L’Instant même
44 pages, 70 FF
Domaine français Un éclat de poésie
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
| par
Thierry Guichard
Un livre
Un éclat de poésie
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°2
, novembre 1992.