La rédaction Thierry Guichard
Articles
Une histoire française
Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume.
Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où les mots viennent de loin, sont posés sur la page avec une précaution qui les rend plus prégnants. Roman parcellaire, fait de chapitres courts qui sont comme des pièces d’un puzzle difficile à...
Le monde selon Batchelor
Les nouvelles Aventures de la comète de Halley se déroulent en 1986. Batchelor y décline tous les ingrédients du récit médiéval : harpie, joute et esprit chevaleresque. Foisonnant.
Si au Moyen-Age, I’ homme s’apprêtait à découvrir de nouveaux horizons terrestres, c’est vers l’espace qu’aujourd’hui il se tourne. Avec, peut-être l’idée de trouver une réponse à ses angoisses métaphysiques. Le deuxième roman de John Calvin Batchelor traduit en français, Nouvelles Aventures de la Comète de Halley est, comme souvent dans cette littérature américaine, un livre-monde, au sein...
Rumeur marine
Pendant quinze ans, François Solesmes est allé saisir le mystère océan sur une plage des Landes. Il nous livre aujourd’hui la chronique de ses rencontres avec une mer fascinante.
Durant une quinzaine d’années, plusieurs mois par an, parfois de l’aube au soir, quelqu’un s’efforça de tenir la chronique d’un littoral ». Ce « quelqu’un » c’est François Solesmes qui dès la première page apparaît ainsi, vague troisième personne du singulier, s’effaçant déjà pour éviter l’autobiographie, s’effaçant encore pour ne laisser sur les pages que cette mer dont la rencontre, chaque...
Un éditeur
Réserves sur le Domaine
La nouvelle collection dirigée par Patrick Besson, Domaine français aux Éditions du Rocher est destinée à présenter des auteurs français vivants. L’entreprise serait louable si elle n’était pas ratée. Des trois premiers titres publiés, seul le Jean Echenoz de Jean-Claude Lebrun mérite très largement sa place dans toute bibliothèque. Ce n’est pas le cas du Philippe Dijan de Mohamed Boudjedra...
Un livre
Bris de guerre
de
Jean-Pierre Cannet
Un éclat de poésie
Ce sont des textes courts. Pas de nouvelles. Des brèves. Des morceaux d’éclats, de coups d’éclats. Jean-Pierre Cannet est un tailleur de joyaux. En quelques lignes, quelques phrases, il vous dresse un univers cruel où la guerre est une vieille habitude. Avec quelques mots, il vous fait naître l’émotion, le rire, l’angoisse, la joie. Son monde, on y entre de plein fouet, sans courbette, sans...
Médiatocs – chronique
Pare-chocs du moi
Écrite précipitamment dans l’absence de style, l’autobiographie de l’ancienne directrice du Monde des livres atteint à des abysses de pensée. Du moment que ça la soulage….
Elle était la directrice du Monde des livres jusqu’au jour (« un matin de janvier 2005 ») où on lui annonce qu’elle est démise de cette fonction pour redevenir une simple journaliste. Josyane Savigneau vit d’autant plus mal sa mise au placard (qui la vivrait bien ?) que celle-ci la renvoie à un complexe d’imposture qui l’habite depuis toujours et qu’elle va tenter de résoudre en écrivant ce Point de côté. On espérait une réflexion sur le métier de journaliste, une description des rouages de la critique parisienne ou au moins une véritable plongée dans les mécanismes intimes, inconscients...
Un âne, des mots
Claire Castillon a probablement un vrai talent d’écrivain. Mais ses lecteurs ont assurément beaucoup de patience. Son nouvel opus, indigeste en diable, impose une lecture éprouvante.
Cette rubrique, consacrée aux très médiatiques romanciers allait tranquillement vers la proclamation d’un axiome incontestable. Quelque chose comme : un best-seller se fabrique. Dès sa conception jusqu’à son écriture, un best-seller imite plutôt la pente douce (qu’on dévale sans y prendre garde) que la montée abrupte qui nécessite effort et courage. Les ingrédients du best-seller se trouvent...
“ Les mecs, on la perd ! “
Quels ingrédients faut-il pour faire un best-seller ? Une louche de clichés alignés par un style de collégien attardé et assez de cynisme pour prendre ses lecteurs pour des gogos.
Prenez une pincée de Paulo Coelho, le romancier philosophe pour ménopausés du cerveau, dont vous extrairez des préceptes profonds du genre : « accepte le destin qui est le tien et donne aux autres le meilleur de ton temps ». Cette morale à deux sous qu’adorent tous les apôtres de la domination (que les miséreux acceptent leur misère et ne viennent pas nous emmerder) nous est assénée par...
Courrier du lecteur – chronique
La preuve par huit
Publié il y a treize ans aux États-Unis, « Surfiction » est un essai réjouissant. Clair et incitatif, il donne les bases d’une réflexion en mouvement.
Constitué de huit textes vifs, Surfiction traverse une bonne partie de la littérature de création (« le roman expérimental ») des années 60 à aujourd’hui plus particulièrement aux U.S.A. Raymond Federman sait de quoi il parle, puisqu’il fut un des premiers de sa génération avec Quitte ou double (1971) à révolutionner le roman (dans la lignée de Cervantès, Sterne ou Joyce). Le bonhomme n’hésite d’ailleurs pas à se citer lui-même…
Le texte inaugural est un « manifeste postmoderne » : écrit en 1973, ce texte programmatique n’a pas pris une ride, si ce n’est, peut-être, dans l’utopique part...