La rédaction Thierry Cecille
Articles
Une guerre sans fin
Du ghetto de Wilno au procès de Nuremberg, Emil Marat nous conduit sur les pas de Juifs qui se voulurent combattants, puis justiciers.
Il arrive qu’un titre, même si ou parce qu’il se veut frappant, symbolique, soit assez trompeur – et c’est ici un peu le cas. La quatrième de couverture s’en mêle et nous pensons, dès l’abord, que ce livre va relater, avant tout, un projet longtemps mystérieux. Un groupe de partisans juifs auraient eu le dessein, dès la défaite de Hitler, de venger les leurs en empoisonnant l’eau potable de plusieurs villes d’Allemagne, dont Nuremberg, puis, plus modestement, des camps où les Alliés emprisonnaient des soldats allemands. Leur groupe se nommait, en effet, Nakam, c’est-à-dire Vengeance en...
Un livre
Chronique des sentiments
de
Alexandre Kluge
Fables amorales
Éphéméride d’un monde sans ordre, journal du hasard, entre l’anecdote et la courte nouvelle, voici cinquante « choses vues » de Kluge.
Un fatal darwinisme serait à l’œuvre en littérature également : après l’épopée, après la tragédie, mortes et enterrées, le roman, depuis presque deux siècles, régnerait sans partage, malgré des tentatives de destruction plus ou moins poussées, du dynamitage joycien aux ruses du Nouveau roman. Quel soulagement, et quel enthousiasme, quand nous nous trouvons face à une nouvelle forme, quand...
Un livre
L' Expérience concentrationnaire est-elle indicible ?
de
Luba Jurgenson
Le rescapé et les engloutis
Celui qui survit écrit pour ceux n’ont pas survécu, seul il prend en charge une parole collective : il faut voir là, aussi, une entreprise littéraire.
Les récits de l’expérience concentrationnaire qu’il s’agisse des camps nazis ou du Goulag sont souvent reçus et lus comme des témoignages documentaires : leur authenticité ne peut être mise en doute, ils apparaissent avant tout comme une parole rescapée, brute, plus que comme une écriture, on hésite, de ce fait, à les considérer comme des textes littéraires ajoutons que leurs auteurs...
Un livre
En attendant les barbares
de
Constantin Cavafis
Les royaumes de la mémoire
« Il faudra attendre que je sois complètement démodé pour me découvrir vraiment » conseillait Cavafis. Il est temps, en effet, de parcourir ce labyrinthe grec.
Un homme discret, presque terne, traverse sa ville et sa vie d’un pas mesuré ; il porte sur tout ce qu’il croise un regard attentif, mais se détourne aussitôt qu’on l’observe. Beaucoup l’ignorent donc, certains le devinent, quelques-uns, rares, le connaissent. Fonctionnaire ou agent d’assurance, il ne se départit jamais d’une politesse silencieuse et souriante et remplit, consciencieusement,...
Un livre
La Mère juive
de
Gertrud Kolmar
Haute solitude
Dans le Berlin gris des années 20, l’expérience de la perte et de la déréliction, la tragédie d’une mère privée d’enfant.
Certains textes acquièrent une sorte de valeur testamentaire, s’entourent d’une aura éclatante, mystérieuse ou tragique, du fait de l’existence de leur auteur, ou des aléas de leur propre destin éditorial. C’est ici le cas : Gertrud Kolmar, née en 1894 dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée de Berlin, mourra à Auschwitz en 1943. Hormis quelques poèmes, son œuvre demeurera inédite...