La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Une marque allemande
De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique.
Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi fugueuse à 18 ans mais pour suivre une troupe de théâtre ambulant, est une semblable rebelle. Et le début de son « Tagebuch » – un journal – attaque fort lui...
Marcher à l’étoile
antoine choplin signe Un roman géographique, écrit dans une langue limpide, qui touche à l’universel.
Il y a parfois, entre deux écrivains, une complicité telle que lisant l’un on y retrouve l’écho de l’autre, un air de famille, tant ils avaient l’habitude de dialoguer dans la vie mais aussi par livres interposés. Ainsi d’Antoine Choplin et de Hubert Mingarelli, tous deux romanciers du paysage, Isérois amoureux de leurs montagnes, et amis. Si bien que ces deux-là avaient écrit un roman à...
Rivière sans retour
Un roman élémentaire de Grégoire Domenach, où le feu des passions le dispute au secret des eaux.
Sa couverture – pastels bleus et verts – qui montre en trois schémas le franchissement impeccable d’une écluse par une péniche, pourrait malicieusement tromper son lecteur : Entre la source et l’estuaire, sous les airs d’une paisible histoire de marins d’eau douce, est en fait un roman noir dans lequel volera en éclats l’ambiance paresseuse de bords de rivière qu’avait pris soin d’installer...
Dans le miroir de courtoisie
Par le détour d’un hommage aux lieux habités, aux livres aimés, aux amis disparus, le philosophe Giorgio Agamben compose son propre portrait en creux.
On connaît ce discret équipement des habitacles automobiles : installé « à la place du mort », qui abaisse le pare-soleil y trouvera le miroir dit « de courtoisie ». On y vérifie sa coiffure, son maquillage ou son nœud de cravate, et l’on y regarde sans se retourner la personne, sur la banquette arrière, avec qui l’on converse. Mais elle aussi nous regarde, lit la partie supérieure de notre...
Le Tram de Noël de Giosuè Calaciura
Tout comme Idiotie permit la découverte de Pierre Guyotat par le grand public, Borgo Vecchio a rendu le même ironique service à l’auteur de Malacarne et de Passes noires, premiers romans violents, transgressifs, et qui bousculaient la langue. Illustré par le peintre Gérard DuBois et placé sous l’autorité de Dickens, un conte de Noël lisible par tous confirme cette tendance de l’écrivain...