La rédaction Flora Moricet
Articles
Rien ne se perd
Capable aussi bien d’incarner des personnages passés, de raconter des souvenirs que de décrire des œuvres et des bâtiments de manière anatomique, Judith Schalansky ausculte les choses qui restent.
L’astéroïde 95247 porte son nom. Autrice exigeante et minutieuse, dont l’originalité profonde explique sans doute qu’elle soit traduite dans plus de vingt langues, l’Allemande Judith Schalansky se reconnaît à son érudition teintée de poésie mélancolique. Ses trois livres traduits en français (dont les deux premiers Atlas des îles abandonnées, 2010 ; L’Inconstance de l’espèce, 2013) convoquent chacun une ou des sciences, notamment la géographie, la biologie, l’anthropologie, l’architecture… Mais toujours, en premier lieu, l’histoire.
Née en 1980 en ex-RDA, Judith Schalansky est marquée...
Un livre
Le Pas de la Demi-Lune
de
David Bosc
L’émerveillement sans bruit
David Bosc imagine un monde à la temporalité et à la géographie rêvées, un royaume sans pouvoir où la liqueur étourdit sans faire perdre pied.
Si on veut, c’est Marseille et l’on l’appelle Mahashima. (…) À Mahashima, longtemps capitale d’un royaume sans importance, Ryoshù mesure son bonheur de vivre heureux dans une ville heureuse ». Les mots de la quatrième de couverture sont une belle entrée dans le sixième roman de David Bosc d’une profonde densité poétique. Conte sans morale où l’on suit le cheminement d’un homme, parti...
L’intervalle de toutes les épiphanies
L’écriture de la brièveté infiniment gracieuse de Christophe Manon où le provisoire se réconcilie avec la joie.
Sur l’horizon de la finitude, le nouveau recueil de Christophe Manon abrège les passions tristes et s’empare d’un vivant flamboyant. En quelques mots, les poèmes conjurent le désespoir d’un « temps qui file/ à très grande vitesse mais jamais ne revient » pour ne retenir que ce que ces fulgurances permettent : un état de grâce. Souvent fougueuse et toujours d’une grande précision, la langue de...
La Dernière Saison du monde
J’ai élargi mon corps/ Laissé se former d’autres strates/ Choisi de trouver la douceur/ Au milieu de cette algèbre opaque ». Le coauteur de Nino dans la nuit (Allia, 2019) révèle une mélancolie apaisée et prend le parti d’une douceur désarmante. Dans une prose épileptique, Simon Johannin éclairait des figures romanesques furieusement à la marge. Assagi, son deuxième recueil de poésie porte un...
Grief de Ismaël Jude
Ce n’est pas un journal intime c’est un putain de manuel de guerre. » Ismaël Jude a jeté un sort à la langue française et très certainement au patriarcat. À partir de quelques notes du manuscrit de Pierre Rivière, excavé en 1973 par « la bande à Foucault », l’écrivain et metteur en scène imagine une sœur jumelle du jeune paysan qui assassina au début du XIXe siècle sa mère enceinte, sa sœur...