La rédaction Chloé Brendlé
Articles
Croire au noir
Deux ans après Ceux du noir, Marielle Hubert persiste en signant un deuxième récit âpre et perturbant sur sa mère et l’enfance incurable de celle-ci, Il ne faut rien dire.
Drôle d’adresse au lecteur à l’orée d’un livre que celle-ci : Il ne faut rien dire ! Plusieurs voix se battent dans ce titre, celle de la menace, celle de la peur, celle du défi aussi. C’est en tout cas, à l’heure d’après #MeToo, une injonction qui semble aller à contre-courant des témoignages qui se sont multipliés dans la presse (à propos de Matzneff, PPDA, Depardieu, tant d’autres) et dans les librairies (entre autres La Familia grande, de Camille Kouchner, Le Consentement, de Vanessa Springora et tout récemment, Notre silence nous a laissées seules, de l’actrice Judith Chemla). De...
KO social
Dans G.A.V., Marin Fouqué propose une narration chorale de notre société unie-désunie autour d’un commissariat de police. Inégal mais percutant.
Il est des nuits où l’on se réveille enfin. » Cette phrase extraite d’un des récits qui composent la polyphonie de G.A.V. pourrait servir de mantra à l’ensemble du livre, tant l’horizon du deuxième roman de Marin Fouqué semble celui d’une prise de conscience et d’une révolte.
En 2019, l’auteur donnait la parole à un jeune de la grande couronne parisienne, ni banlieusard ni campagnard –...
La colère qui monte
Quatre ans après Article 353 du code pénal, Tanguy Viel nous livre une version au féminin des rapports sociaux. Un roman nerveux et presque noir.
C’est, de prime abord, désarmant de simplicité. Laura a besoin d’un logement. Or elle est la fille de Max, chauffeur du maire. Donc elle obtient un rendez-vous avec le maire. Mais le maire n’a que des désirs, lui. Que croyez-vous qu’il s’ensuit ?
À partir de cette mince trame dont on se demande très vite comment l’auteur va réussir à la filer sur deux cents pages, le narrateur déploie ses...
Les raccords de Maylis de Kerangal
En sept récits plus un, l’écrivaine cherche à saisir des voix de femmes en différentes étapes de leur vie, et recompose ainsi son propre paysage intérieur.
Canoë clair sur océan sombre ». C’est d’abord répertoriée sous ces cinq mots que la voix d’une des narratrices rejoint celles enregistrées pour la radio par les sœurs Klang – voix qui « ne sont plus des voix de métiers ou de savoirs, ni même des voix sociales ou géographiques, mais (qui) deviennent de pures matières acoustiques : elles sont basses ou aiguës, claires ou sombres, grasseyantes...
L’art de rien
En dix portraits tendres et drôles, Alice Roland défait la figure de « l’Artiste » majuscule pour s’attacher à celles d’anonymes et aux désirs multiples qui les portent à créer.
Pour conseiller la lecture d’Au secret de chacun, on pourrait dire d’abord que c’est un anti-manuel d’art, ou alors une lettre indirecte aux jeunes poètes, un manifeste incertain du désir d’art, un herbier de graines non répertoriées à propager à tous vents rêveurs. Pour dire combien ce livre nous touche, touche juste, vient l’image d’une déflagration douce – un caillou qui ricoche, de proche...