éditions Bayard
Ouvrages chroniqués

Le Bracelet de parchemin
L'Écrit sur soi au XVIIIe siècle
de
Arlette Farge
2003
D’obscurs morts, il y a bien longtemps : Arlette Farge déplie avec infiniment d’attention les papiers qu’ils portaient sur eux.
En exergue, quelques mots de Pascal : « Nul ne meurt si pauvre qu’il ne laisse quelque chose ». On songe au « Mémorial », le petit parchemin dans lequel l’auteur des Pensées avait consigné sa foudroyante rencontre avec Dieu, et qu’on trouva à sa mort, plié dans la doublure de son manteau. Car sont ici évoqués d’autres parchemins, d’autres « écrits sur soi » qui ne passèrent pas, eux, à la postérité : ceux qui appartinrent à des hommes et des femmes du XVIIIe siècle, découverts près des routes ou des cours d’eau, morts de froid ou de noyade. Aux Archives de la prévôté d’Île-de-France, on...

Finis Terrae : Imaginaires et imaginations cartographiques
de
Gilles A. Tiberghien
2020
Elle aura beau se parer de tous les atours de la science, la cartographie restera toujours et avant tout affaire d’imagination. Tel pourrait être, grossièrement résumé, l’argument de ce petit livre vivifiant (sous-titré « Imaginaires et imaginations cartographiques ») du philosophe Gilles A. Tiberghien, amateur de la chose et spécialiste du land art. « On m’assure qu’il est des gens qui ne s’intéressent pas aux cartes mais j’ai quelque peine à le croire », remarquait Stevenson, dont L’Île au trésor naquit d’ailleurs tout entier d’une carte. Qui, en effet, n’a jamais rêvé devant une carte,...

L' Idiot et les hommes de paroles
de
Pierre Senges
2005
« Solitaires », « étrangers », entretenant un « rapport conflictuel avec le langage » : voilà les curieux papillons que capture élégamment Pierre Senges.
Idiot ou pas idiot, on ne raconte que pour se faire des amis et récolter cet amour en silence ». Le but est ici amplement atteint. Quand Pierre Senges fait « le marché aux idiots », on sympathise très vite avec le collectionneur et sa collection. Il n’y a pas l’ombre chez lui d’une manie pointilleuse, ou d’une lassante tentative de définition. Son effort de taxinomie est traversé de tendresse, puisqu’il s’agit de rencontrer au fil des œuvres quelques figures singulières d’idiots. La tâche est difficile : pas de concept pour les embrasser dans leur diversité, pas de paradigme véritable,...
Pépites
de
Anne-Laure Bondoux
2005
Pépites d’Anne-Laure Bondoux est l’histoire d’un voyage mythique conçu comme une quête initiatique.
Anne-Laure Bondoux fait de la Conquête de l’Ouest une allégorie d’un parcours initiatique de trois personnages atypiques. Scindé en deux parties distinctes, Pépites révèle un passionnant roman psychologique. Dans une première partie, les personnages semblent mener d’eux-mêmes leur existence. La guerre (de Secession ?) qui fait rage les oblige cependant à partir sous de meilleurs auspices, direction l’Ouest mythique. C’est une jeune femme qui est à l’initiative de cette ruée vers l’or et deux hommes la suivront : son père, Lom’Pa, vieillard alcoolique, paralytique et mal embouché, embarqué...
Voir le temps venir
de
Jean-Christophe Bailly
2021
Avec ses chemins grecs, un journal américain, un essai sur l’œuvre picturale de Jean-Marc Cerino et un ouvrage collectif, c’est une tresse pensive du temps à quoi nous expose Jean-Christophe Bailly.
Le parcours grec de Jean-Christophe Bailly, en plus d’avoir été celui de ses lectures, a toujours été concomitant de l’expérience réelle et tangible de ses lieux. C’est que le réel nous somme de traverser ses espaces inédits, insus, pourtant palpables, par le corps et ses perceptions, les rêveries multiples et les leçons de l’histoire. Les « chemins grecs » de Bailly, éclairés dirait-on par un faible néon d’un café logé dans l’anse du port d’une île où se serait peut-être reposé Ulysse, consistent en quatre journaux (1974, 76, 87, 97) et en essais divers. Sur l’île de Katapola, le...