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Domaine français Comme une chute

avril 2023 | Le Matricule des Anges n°242 | par Anthony Dufraisse

Comment retrouver son identité après une séparation. troisième opus d’Aliona Gloukhova.

Aliona Gloukhova, née en 1984 à Minsk mais écrivant en français, on l’a découverte en 2018 avec Dans l’eau je suis chez moi, suivi deux ans plus tard par un autre roman, De l’autre côté de la peau, dont nous avions dit ici même le plus grand bien. La voilà qui revient, toujours chez Verticales, avec un livre écrit, précisément, dans la… verticalité douloureuse. « Le désamour arrive subitement comme une chute, (…) ce n’est pas une opposition à l’amour, c’est sa suite possible, tendre. » Le roman aurait d’ailleurs pu s’intituler ainsi, Comme une chute. Il y est question d’une séparation, dont le mari de la narratrice, après cinq ans de vie commune, est à l’initiative : « Autrefois j’étais une certaine personne, mariée et stable, dorénavant je ne l’étais plus », confie la jeune femme qui vit cet état de désamour imposé comme une déviation de toute son existence, une décomposition de sa vie. La soudaine et subie « absence d’appuis », la perte de repères qu’entraîne cette rupture la plonge dans un genre d’hébétude interrogative sur ce qui fait son identité. Elle parle d’une « incertitude dans (s)on corps » dont elle doit, pendant de longs mois, s’accommoder, pour espérer retrouver une voie, donc une vie bien à elle. Il est beaucoup question du corps dans ce roman très réflexif. Aliona Gloukhova en fait le réceptacle des émotions de son personnage ; on notera qu’elle parle souvent des corps au pluriel – « aimantés », « éloignés », « déséquilibrés »… – comme si son expérience ne pouvait être qu’universelle. Jusqu’au titre, au demeurant, tiré de ce passage : « Sommes-nous des objets qui parcourent les vies des autres, des corps lumineux de passage ? On trace, on éclaire, on s’évanouit quelque part. »
La force de ce livre, qui est tout sauf un énième mélo larmoyant ou une radioscopie du divorce, c’est d’être dans le questionnement permanent. « La chute devient un état de potentialités », veut croire la narratrice, qui improvise son existence entre voyages et amitiés fidèles ou nouvelles. Les potentialités sont des sources d’interrogations incessantes, parfois éprouvantes. Qu’elle cite à un moment le philosophe Edmund Husserl, le fondateur au XXe siècle de ce courant de pensée qu’on appelle la phénoménologie, n’est pas pour nous étonner ; cette histoire peut se lire en effet comme une évocation incarnée d’une conscience observant le trouble que le désamour crée en elle. C’est le témoignage d’une expérience sensible : la narratrice est à la fois « une exploratrice déséquilibrée et l’objet de (s)a recherche » vers un début de vie neuve et apaisée. On ne sait pas si l’inspiration de ce roman est autobiographique mais l’on voit bien que, dans son intention, il est poétiquement analytique. Ancrée dans des situations de la vie quotidienne mais aussi des souvenirs (« temps entremêlés »), l’écriture réflexive prouve que la littérature décidément est un outil de connaissance et de reconstruction de soi.

Anthony Dufraisse

Nos corps lumineux
Aliona Gloukhova
Verticales, 177 pages, 18,50

Comme une chute Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°242 , avril 2023.
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