La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Pharmakon d’Olivier Bruneau

mai 2022 | Le Matricule des Anges n°233 | par Yann Fastier

Sniper au service d’une société américaine de mercenaires type Blackwater, le narrateur de Pharmakon fait partie d’une unité chargée de sécuriser un site industriel dans un pays qui pourrait être l’Irak ou l’Afghanistan, si tant est qu’il le sache bien lui-même. Il a pourtant tout loisir de l’observer, ne serait-ce qu’à travers son viseur : non content de traquer les « insurgés », il fait l’objet d’un traitement expérimental visant à supprimer le sommeil. Debout depuis plus de soixante heures et toujours frais comme un gardon, il voit en outre ses sens s’affiner jusqu’à un point qui ne tarde pas à devenir insupportable. Et ce qui devait faire de lui un parfait chien de guerre de s’avérer parfaitement contre-productif.
Après Dirty Sexy Valley (Le Tripode, 2017) et Esther (id., 2020) Olivier Bruneau interroge à nouveau les excès contemporains. Dans son essai 24/7 : le capitalisme à l’assaut du sommeil (Zones, 2014) Jonathan Crary a montré comment l’idéologie néolibérale a fait son idéal d’une vie sans pause, dans un but d’optimisation maximale des profits. Pharmakon en est la parfaite illustration, la démonstration par l’absurde, efficace et sèche comme le paysage minéral qui lui sert de décor : étant parvenu à « faire sous-traiter sa propre défense », le « capitalisme militaire » entend bien réduire les coûts. Quoi de plus coûteux que le sommeil, ce « luxe réservé à la classe des feignants » quand nous vivons tous « sous la loi d’un darwinisme sous amphétamines » ? Jeune homme sans qualité sinon un certain art de faire le vide (en lui et autour de lui), notre tireur anonyme se plie à l’expérimentation sans états d’âme, en « entrepreneur de lui-même » ultra-représentatif d’une société marchande affranchie de tout humanisme. À ce titre, plus qu’un personnage, il n’est qu’un symptôme au cœur d’un roman écrit lui-même au laser, avec une telle acuité que rien ne semble pouvoir faire dévier la balle. Ce qui fait à la fois sa force et sa limite.

Yann Fastier

Pharmakon
Olivier Bruneau
Le Tripode, 119 pages, 15

Pharmakon d’Olivier Bruneau Par Yann Fastier
Le Matricule des Anges n°233 , mai 2022.
LMDA papier n°233
6,50 
LMDA PDF n°233
4,00