La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Apocalypse, mon amour

novembre 2021 | Le Matricule des Anges n°228 | par Martine Laval

L’écrivain Éric Chauvier décortique les ravages de la pandémie sur nos comportements en une farce joyeuse et salvatrice.

Plexiglas mon amour

Ça devait arriver, c’est arrivé. Nous y sommes. Nous étions dans « l’attente frénétique de la catastrophe », la voici. L’effondrement qui s’en vient, son imminence, incite certains à se réfugier dans des cabanes (tous aux abris ou chacun pour soi, c’est selon), d’autres à écrire des ouvrages très sérieux, essai, pamphlet ou science-fiction genre remake de La Route de Cormac McCarthy (cité dans l’ouvrage). Éric Chauvier, lui, même s’il est anthropologue (!), choisit la fiction la plus délicate qui soit à manigancer : celle qui fait sourire, puis rire sans retenue, qui booste les âmes les plus pessimistes, les esprits plus récalcitrants. Minutieux, sarcastique, piquant à souhait, Chauvier inspecte l’aujourd’hui, cette pandémie surprise qui chamboule tout, révolutionne mœurs et coutumes. Il sait jouer de la mise en perspective politico-philosophique comme de la drôlerie. Pétillante, rythmée en diable, son écriture mène tambour battant son histoire pas si improbable que cela.
C’est que son narrateur a tout du type sympa, un gars « normal ». Il est marié à Marie la reine du désinfectant. Affublée d’une visière en plexiglas, elle tient à bonne distance son époux. Ils ont deux ados avachis, collés non-stop à leurs smartphones. C’est un Français moyen, un peu coincé dans sa vie, peut-être, mais qui ne l’est pas, franchement ? Il n’est ni coléreux ni haineux ni extrémiste, ce qui ne l’empêche pas de s’interroger sur la société. Bref, cet individu ordinaire pourrait ressembler à tout le monde, à l’auteur comme à nous ses lecteurs. Il rencontre par hasard (mais il n’y a pas de hasard, que des coïncidences…) un ancien camarade de fac ; ensemble ils se sont bien marrés puis perdus de vue. Ce Kevin a fricoté avec l’Église de scientologie. Désormais, il est survivaliste. Il vit dans une cabane, nommée BAD en souvenir d’un texte d’Heidegger (Bâtir, habiter, penser), ou Base Autonome Durable, avec provisions et barbelés. Il organise sa défense avec son arc et ses flèches (c’est moins bruyant qu’un flingue) et s’entraîne à survivre, seul contre tous. Kevin est une caricature, quoique. Chauvier, fin limier de notre société, se moque de ses personnages, ridiculise les tendances collapsologiques dans l’air du temps, et donne à l’humour un pouvoir salvateur. Son narrateur nous glisse quelques évidences : « Le pire est qu’il (Kevin) peut avoir raison dans les grandes largeurs. C’est un trait majeur de cette époque que de donner raison aux plus dégénérés d’entre nous. Je mesure l’ampleur de la catastrophe. Du gouvernement, il n’y a plus rien à attendre. Le bien commun est devenu une utopie obsolète pour imbéciles heureux » L’épluchage des niaiseries continue : « Le vivre ensemble », « les pépinières d’entreprises », « les initiatives citoyennes », « la démocratie participative, les fêtes de voisins, le printemps des poètes…  » Que du plaisir.

Martine Laval

Plexiglas mon amour
Éric Chauvier
Allia, 150 pages, 10

Apocalypse, mon amour Par Martine Laval
Le Matricule des Anges n°228 , novembre 2021.
LMDA papier n°228
6,50 
LMDA PDF n°228
4,00