Sylvain Levey adore le football. Il le confesse dans une très jolie postface, c’est un rêve de gosse, il a « dormi pendant longtemps en short et avec le maillot de son équipe en guise de pyjama », et « arrêté des dizaines de penalties imaginaires en plongeant sur son lit ». Alors, à l’instar d’Albert Camus qui confiait : « Vraiment, le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtres qui resteront mes vraies universités », Sylvain Levey nous livre une belle histoire de vie. Deux gamins guinéens, Kouam et Mafany, sont amis pour la vie. Chez eux, en Afrique, ils jouent au football, c’est leur passion. Kouam est repéré par plusieurs recruteurs. Une femme anglaise lui propose d’intégrer le petit club de Bradford. Kouam refuse de partir sans Mafany. « Je suis le pied droit, tu es le pied gauche, un des deux qui part et tout est bancal ». Le club va céder et embaucher les deux gamins. Mais l’arrivée en Angleterre est difficile, le climat, la nourriture, le déracinement, des blessures et des maladies, il s’en faut d’un rien pour que l’aventure ne vire au cauchemar. C’est l’amitié des deux garçons et les remords de la femme anglaise qui leur permettront d’éviter le désastre. Mafany finira par jouer dans un club de troisième division en France. Et Kouam, lui, arrêtera le football pour se reconvertir dans une nouvelle passion : ouvrir un commerce, un salon de thé, brocante, vente de vinyles punk et rock en Angleterre.
Sylvain Levey arrive à dresser deux portraits très attachants. Cette fable est une parabole de notre société qui dévore sa jeunesse dans l’espoir de dénicher une star potentielle en gagnant beaucoup d’argent. L’écrivain insiste sur les moyens de résistance, l’amitié bien sûr, quelques valeurs bien ancrées dans le crâne et la littérature, qui muscle l’imagination et le cerveau. Pour que le football, comme la vie, reste avant tout une fête.
L. Cazaux
Trois minutes de temps additionnel, de Sylvain Levey
Éditions Théâtrales Jeunesse,
64 pages, 8 €
Théâtre Trois minutes de temps additionnel
juillet 2020 | Le Matricule des Anges n°215
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Trois minutes de temps additionnel
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°215
, juillet 2020.