100 Trésors des bibliothèques militaires
Plutôt que de risquer de se faire trouer la peau en s’engageant parmi les militaires d’active, mieux vaut devenir bibliothécaire des armées. Et là, ô surprise, un patrimoine fabuleux nous attend. Les 100 Trésors des bibliothèques militaires proviennent de l’École militaire, de Polytechnique, de Saint-Cyr Coëtquidan, du Service historique de la Défense et du service de santé des armées.
Si l’on imagine ne trouver là que des volumes consacrés à l’art de la guerre, l’on se sera vite détrompé. Certes, Jules César côtoie le De re militari, de 1483, un incunable bourré d’impressionnantes gravures de machines militaires, un Traité de l’artillerie ou le Recueil des plans des places du Royaume au XVIIe siècle. L’« uniformologie », les cantinières et la médecine y trouvent forcément leur place. Jusqu’à une revue illustrée publiée entre 1915 et 1920, La Baïonnette, « arme d’humour et de propagande »… Mais combien de merveilles ressortissent de l’entomologie, ponctuée de gravures colorées, des Atlas et récits d’explorations et de l’archéologie. Pensons à la somptueuse Description de l’Égypte, confiée aux bons soins de l’Imprimerie Impériale, aux chromolithographies reproduisant en 1896 les peintures murales de Pompéi. Le voyage dans l’espace s’associe à celui dans le temps, sans oublier les cabinets de curiosités, comme lors du De monstris, imprimé et gravé en 1665. Le plaisir de feuilleter cet ouvrage contribue à préférer l’art de la bibliophilie à celui de la guerre ; quoique disait César (à moins que cela vienne de Thucydide ou de Végèce) : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».
Thierry Guinhut
100 Trésors des bibliothèques militaires,
Éditions Pierre de Taillac / Ministère des armées, 384 pages, 34 €