La Moitié du fourbi N°9 (Vite)
Vivre et mourir vite. Plutôt que vivre et mourir libre ! Tout fluctue, s’accélère. La littérature a-t-elle horreur du vite s’interroge Paul Fournel. « La phrase courte, comme on pourrait instinctivement le penser, n’est pas le secret de la vitesse ». Et il renvoie aux premiers mots de L’Étranger de Camus sans toutefois donner de réponse. Dans son Esthétique politique du défouraillement, Hughes Robert convoque le western spaghetti, western déviant de la machinerie capitaliste, plus précisément Mon nom est personne. Il voit ainsi en Jack Beauregard et en Personne, les premiers hérauts d’une décélération, des lanceurs d’ « appels au ralentissement ». Philippe de Jonckheere, d’une fenêtre cévenole, en face du mont Lozère, dans un texte en abîme imagine un film de vingt minutes. « Et je suis toujours surpris de la rapidité avec laquelle on peut imaginer de tels récits. Cela se produit vite en un éclair muet. » Il sera aussi question de Tristan Tzara, de la poursuite hypermédiatisée du footballeur américain O.J. Simpson, d’Usain Bolt, d’une conversation avec Alexandre Laumonier sur la microstructure des marchés financiers devenus électroniques et où la vitesse de la fibre optique ne suffit plus aux traders. Toujours très bien documentée, très bien illustrée, La Moitié du fourbi titille allégrement la littérature et bien au-delà.
Dominique Aussenac
La Moitié du fourbi N°9, 114 pages, 14 €