Jusqu’au 21 juin 2019, la bibliothèque Mazarine (23, quai de Conti, Paris VIe) propose en collaboration avec la bibliothèque Sainte-Geneviève une exposition consacrée à l’omniprésence de la mort dans le monde du livre entre le XIVe et le XVIIIe siècles. Il est rare de pouvoir admirer un si vaste et si beau déploiement de crânes, de tibias, de larmes et de squelettes à travers memento mori, livres d’heures, faire-part, éloges funèbres, reliures et danses macabres, imprimés et manuscrits enluminés précieux, estampes, etc. Le catalogue de l’exposition omporte une série très complète d’articles d’histoire du livre signés par les spécialistes de ces différents domaines et apporte même une foule d’informations qui ont souvent une portée hautement significative sur la symbolique, la scénographie et la gestuelle de ces milliers de squelettes et de vivants condamnés… Au-delà de la captivante histoire de l’illustration documentaire du cimetière des Saints-Innocents (l’actuel trou des Halles à Paris) et des descriptions de magnifiques livres religieux à usage des communautés, parfois très spécialisées, comme cette « confrérie des agonisants et de la bonne mort », on peut ainsi s’arrêter dès les premiers pages du livre sur l’histoire de l’évangéliaire de saint Cuthbert, manuscrit anglo-saxon du début du VIIe siècle « qui doit sa préservation au fait d’avoir été placé dans le cercueil de Cuthbert de Lindisfarne après sa mort (687), et de n’en être sorti qu’au début du XIIe siècle ». Si l’on peut croire, à l’instar de Boris Vian, que la Mort ricane, il appert qu’elle n’agit pas en vain.
Éric Dussert
Le Livre & la Mort. XIV-XVIIIe siècle, Éditions des Cendres,
bibliothèque Mazarine et Sainte-Geneviève, 525 p., 48 €
Essais Le Livre & la Mort
mai 2019 | Le Matricule des Anges n°203
| par
Éric Dussert
Un livre
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°203
, mai 2019.