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Dossier Ossip Mandelstam
Les vies magnétiques

mars 2018 | Le Matricule des Anges n°191 | par Emmanuel Laugier

Véritable mythe de la littérature russe du XXe siècle Mandelstam, s’il n’a pas échappé à la broyeuse du stalinisme, offrit par la pugnacité de ses livres un air qu’aucun pouvoir ne dérobe. Leur lumière, leur vitesse, sont la basse profonde de son siècle.

Dans la préface à sa traduction du Zibaldone de Leopardi, Bertrand Schefer éclaire le processus d’écriture de ce livre : « Leopardi assimile le Zibaldone à une production d’actes intérieurs au discours dont la fonction ou le dispositif d’enregistrement est semblable à celui d’une chambre noire.  » La façon dont les livres de Mandelstam furent écrits, tous sous la stricte pression de la nécessité, ouvre autant en eux, et en une concaténation formelle inouïe, ces « actes intérieurs ». Le précipité que produisent les poèmes de Mandelstam ainsi que ses proses, fulgurantes, a tout autant la rapidité du fouet claquant dans l’air, le rythme rêche d’un éboulis de pierres, que la désinvolture gamine ou la clarté d’une alvéole de ruche bourdonnante. Écoutons-le dans «  L’ode du crayon d’ardoise  » (1923) : « D’étoile à étoile – puissante suture, / le chemin pierreux né de l’ancien chant, / où parle à l’air le galet, la pierre à l’eau / et la bague avec le fer à cheval. / Sur le malléable schiste des nuages / la trace laiteuse du crayon / n’est pas l’apprentissage de divers mondes, / mais délire somnolent de brebis. »
Ce crayon de bois qu’il taille à la lame de rasoir, cette mine de plomb durcie, parfois craie friable, Mandelstam les manie comme autant d’osselets lancés à la face du destin. Ils dessinent une géométrie autre, non euclidienne, et condensent en eux les signes du temps à venir, comme ceux de la peur d’être isolé, détruit (« Ici écrit la peur, le mouvant écrit / avec le laiteux bâtonnet de plomb »), mais pas seulement, nous le verrons. Ils créent des rythmiques vivifiantes, et dans le même temps terriblement branchés à l’écoute du bruit du temps tel qu’il vient battre le siècle. C’est le propre du dispositif d’enregistrement qu’évoquait Bertrand Schefer : il superpose des actes de perception et distribue dans un lexique complexe tout ce qui est filtré entre l’expérience intérieure et le dehors où l’Histoire creuse sa sale ornière. Mandelstam reconduira toute sa vie ce processus, pulvérisant d’emblée l’effusion lyrique et ses pauvres sensations personnelles. D’un même mouvement, il s’opposera aux récits dogmatiques de régimes perçus comme de véritables fascismes. Mandelstam fit du poème (mais il faut le dire aussi de ses proses) la navette ultra-rapide d’un métier à tisser inédit. Ce tissage serré, « à la solidité extrême  » (Entretien sur Dante), il faut l’observer de près pour voir comment il expose la vie entière, la sienne et celle des hommes, jusqu’au rayonnement de toutes choses que le régime stalinien va arraisonner et broyer.

Ses livres lui ressemblent : rageurs, à fleur de peau, pleins de colères et de douceurs rêveuses.
L’entrecroisement entre l’œuvre et les données biographiques (Mandelstam naît en janvier 1891 à Varsovie) est délicat et pourtant nécessaire. C’est d’ailleurs par l’analyse de ces achoppements que s’ouvre l’immense biographie intellectuelle que signe Ralph Dutli, son traducteur allemand :...

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