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Poésie Voyage au cœur de la lumière

février 2018 | Le Matricule des Anges n°190 | par Emmanuelle Rodrigues

À travers un choix de poèmes de Georges Séféris, voici une parole offrant entre classicisme et modernité ses accents tragiques.

Entre la vague et le vent

Véritable gageure que celle de ce florilège, Entre la vague et le vent dont le titre est emprunté à un vers d’Archiloque. Aux côtés de Yannis Ritsos et d’Odysseas Elytis, Georges Séféris, l’un des trois grands noms de la poésie grecque de la seconde moitié du XXe siècle, accorda sa vie durant une importance considérable à l’héritage grec, et notamment antique, au travers de sa création littéraire. Selon Thanassis Hatzopoulos, poète lui-même et préfacier de cette anthologie, la recherche d’un « équilibre entre anciennes et nouvelles formes », malgré un style qualifié parfois de « fortement elliptique et abstrait », a permis à cette œuvre de résister au temps et à son auteur de conquérir « un statut de grand maître ». Né à Smyrne en 1900, Georges Séféris entreprit des études de droit à Paris, où sa famille était venue s’installer, puis diplomate, mena de front vie professionnelle et littéraire : tout en parcourant le bassin méditerranéen, il vécut aussi en Afrique du Sud, à Londres et enfin, à Athènes, où il décède en 1971. En août 1935, alors au tout début de sa création, qui sera couronnée par le prix Nobel de littérature en 1963, l’écrivain note dans son Journal et ses mots n’ont rien perdu de leur acuité : « Je suis aveugle. Je sens, rien de plus. Je pourrais dire que c’est un état musical. J’avance entre le souvenir et la conscience, comme le nageur repousse la vague qui lui résiste. » Ce souvenir de la rive lointaine ne cessera de le hanter, ainsi que le risque de la voir s’éloigner définitivement. Mais encore, ce nageur qui repousse la vague, c’est aussi bien cet artiste qui ne perdit pas de vue une sorte d’humanisme et l’incarna.
À l’aune des vingt poèmes ici retenus, on remarquera que l’accent est mis sur les textes les plus emblématiques de la poétique séférienne : Mythologie, troisième recueil de l’auteur, qui initie une veine résolument moderne, telle qu’elle s’illustrera ensuite dans Gymnopédie, puis Journal de bord I et II, La Grive. De ses premiers textes comme de ses plus tardifs, Journal de bord III, et Trois poèmes secrets, aucun ne figure donc ici. Dans la langue de Séféris, et la présente traduction en redonne toute la clarté, l’ordre du sensible révèle également sa part inhérente de sens. Ici, la mer et son éclat de vagues, mouvement lui-même repris par le « torrent du soleil », ou encore celui du vent, et la fulgurance du vol d’une chauve-souris, traversant l’air ainsi que l’âme migrerait, du moins celle qui a cherché « le chemin de l’Hadès en poussant des cris stridents/ et le pays comme une grande feuille de platane que le torrent du soleil emporte/ avec les monuments du passé et la tristesse d’aujourd’hui ». Séféris ne cessa de rechercher un style épuré et aussi singuliers que ses vers puissent paraître, sa parole ne s’en adresse pas moins à tous. Ainsi, ceux-là désarmants par leur beauté : « Encore un peu/ et nous verrons les amandiers fleurir/ les marbres briller au soleil/ la mer ondoyer/ encore un peu/ élevons-nous un peu plus haut. » D’une anamnèse, ce qui se reconstitue, c’est la mise à nu d’une expérience des plus intenses, qui offre une mort à soi, dans un espace de parole parfois conflictuelle. Un tel art poétique nous est ainsi délivré par Le Roi d’Asiné : confrontée à l’évidence de l’absence, à ce vide, qui, écrit Séféris, « ne nous quitte pas », notre précarité ne gagne-t-elle pas alors en lucidité ? Celle-là même qui lui fit dire lors de son discours de réception à Stockholm : « Dans ce monde qui va se rétrécissant, chacun de nous a besoin de tous les autres. Nous devons chercher l’homme partout où il se trouve. »

Emmanuelle Rodrigues

Entre la vague et le vent, de Georges Séféris (édition bilingue)
Traduit du grec par Marie-Claude Fauvin et Catherine Perrel, peintures de Harris Xenos, préface de Thanassis Hatzopoulos, La Tête à l’envers, 92 pages, 21

Voyage au cœur de la lumière Par Emmanuelle Rodrigues
Le Matricule des Anges n°190 , février 2018.
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