La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Arts et lettres Les chemins du voir

octobre 2015 | Le Matricule des Anges n°167 | par Richard Blin

Les notes sur la peinture et le dessin d’Alexandre Hollan interrogent la façon dont les arbres ouvrent passage vers un autre monde.

Je suis ce que je vois (1975-2015)

Parce qu’entre le vu et l’œuvre il y a toujours un décalage – un écart qui, s’il relance le désir et oblige à revenir au motif, n’en est pas moins tourmentant –, Alexandre Hollan a éprouvé le besoin de prendre du recul, de réfléchir à ce qui est en jeu dans sa pratique artistique. C’est l’ensemble de ses Notes sur la peinture et le dessin qui paraît aujourd’hui dans une nouvelle édition reprenant les trois recueils précédemment parus sous le même titre aux éditions Le Temps qu’il fait. Quarante ans (1975-2015) de réflexions s’articulant autour des deux grands thèmes de son œuvre – les arbres et les « vies silencieuses », terme qu’il préfère à « nature morte » – et s’organisant autour de la question du « qu’est-ce que voir ? » et de la façon dont il voit ce qu’il voit.
Peintre d’origine hongroise, né à Budapest, en 1933, Alexandre Hollan a très tôt pris l’habitude de s’isoler une partie de l’année, pour vivre en contact intime avec la nature, cherchant « ces moments où quelque chose me touchait, m’interpellait d’une façon forte », a-t-il dit, lors d’un entretien avec Alain Veinstein. Quelque chose comme une nostalgie d’être, un désir, un contact avec le visible : une présence. Depuis 1984, il passe l’été dans son mazet de l’Hérault, au cœur de la garrigue. Là, il dessine des arbres – oliviers, chênes et chênes verts – auxquels il donne des noms, et prend des notes sur l’expérience réitérée de ses rencontres avec eux, ainsi que sur la réponse artistique qu’il leur donne.
Ce qui l’intéresse dans l’arbre, c’est la façon dont son énergie vitale, sensuelle, rythmée, affirme une manière d’exister. Dans l’arbre, quand celui-ci appelle son regard, l’arrête par sa présence, il voit une forme qui demande à être vue, éprouvée intérieurement. Ce qui suppose un regard capable de se détacher du concept d’arbre et des automatismes visuels se limitant à la surface du visible, du « plaisir des affirmations provisoires ». Il s’agit d’éliminer ce qui saute aux yeux, de laisser le regard courir, sans idées, sans formes. Et « soudain un souffle arrive », qui soulève le regard et le « porte plus loin ». Entre le voir, le sentir, la présence, une danse subtile s’installe. Dessiner, pour Hollan, c’est, par-delà le face-à-face violent avec l’apparence vibrante du sujet, maintenir le mouvement entre regarder et sentir, entre la forme de l’arbre et la sensation de l’arbre. « Je dessine avec ma passion, mes colères, qui reconnaissent une plus grande force dans le chêne et la respecte à leur façon. » Dessiner c’est rejoindre le souffle et par le souffle, un monde en formation, où toute forme n’est que mouvement de forme, déplacement de masse, fluidité. Devant l’arbre, note Hollan, « ma chance est d’entrer directement en contact avec l’inconnu, avec le « pas moi » ». Le dessin doit garder trace de ce « pas moi », donner le sentiment que nous ne sommes rien sans l’ailleurs dont il est l’intercesseur.
Ordonnateur secret d’une vision du monde, l’arbre l’est aussi d’une pratique artistique. Le dessin, la peinture, selon Hollan, existent pour rendre visibles des forces invisibles. Il s’agit de leur donner « une place, une fluidité, une résistance ». Cette organisation secrète qui se cache en elles, Hollan les recherche aussi dans les « vies silencieuses », les natures mortes qu’il compose en installant objets usagés – brocs, cruche, vieux bols, casserole rouillée – et fruits – citrouille ou pêche – de manière à ce que se dégagent, de l’ensemble, une mystérieuse présence et la couleur du sentiment des choses, cette lumière qui se rassemble comme pour « bondir en avant ». C’est ce moment précis de tension qu’il peint, quelque chose comme le voir lui-même saisi au plus vif de ce qui est.
Richard Blin

JE SUIS CE QUE JE VOIS
D’ALEXANDRE HOLLAN, Érès, 302 pages, 25
À lire aussi : Un désir d’arbres dans les mots
de James Sacré, avec des dessins d’Alexandre Hollan, Fario, 14,50

Les chemins du voir Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°167 , octobre 2015.
LMDA papier n°167
6,50 
LMDA PDF n°167
4,00