Les deux dernières pièces de Claudine Galea sont une invitation à un voyage singulier, puisqu’elles mènent toutes deux vers des disparus. Que seul un chien s’est écrit en écho à soixante-cinq photographies données à l’auteur. Des photographies d’une femme qui a fait le choix de partir en voyage et de tout quitter, y compris sa vie de famille (elle était mère de trois enfants) pour être au monde. Nous ne sommes pas sûrs de qui parle, la femme partie ou sa fille aînée qui reconstitue le puzzle de cet abandon ? Nous sommes dans le secret de l’âme, sa part de mystère. L’écriture entrouvre des possibles, elle n’est jamais péremptoire. Profondément musicale et rythmique, elle offre des lignes de faille, avec des points, (pas de virgule), des slashs, des sauts de lignes et une typographie singulière. Dans le second texte, Alliance, un homme est près de la mort. Il est entouré de présences féminines, sa mère, sa femme, sa sœur et sa fille. Le passé, l’enfance resurgissent dans le présent. La pièce est conçue pour deux voix, celles d’un homme et d’une femme. L’auteur indique que la voix féminine se glisse à l’intérieur de la voix de l’homme, au gré des choix de mise en scène. C’est une matière sonore d’une très grande délicatesse. Claudine Galea réussit à évoquer les derniers instants d’un homme, elle imagine les images en boucle, les pensées qui le traversent, en même temps que la présence de ses proches. Là encore, la langue de l’auteur est une matière sensible dont chacun peut s’emparer à sa façon. Il n’y a plus aucun point cette fois-ci, quelques exclamations ou interrogations rares, des suspensions et une typographie pour indiquer les temps de l’enfance et le présent. Claudine Galea nous invite à écouter de toute notre âme, jusqu’au silence.
Laurence Cazaux
Que seul un chien (suivi de) Alliance
Claudine Galea
Espaces 34, 64 pages, 12,50 €
Théâtre Que seul un chien, suivi de Alliance
avril 2015 | Le Matricule des Anges n°162
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°162
, avril 2015.