L’histoire est signée Marguerite Duras. Elle fut publiée en 1971 par Harlin Quist, et très vite oubliée. Pourquoi ? 1. Parce qu’à l’époque comme encore aujourd’hui, il est de bon ton de ne pas considérer la littérature dite de jeunesse comme de la littérature, la vraie, la sérieuse, celle qui se bagarre pour les prix littéraires, un passage radio ou télé, les têtes de gondoles des supermarchés. 2. Parce que éditeurs, journalistes (même au Matricule !), et lecteurs ont bien du chemin à faire pour se débarrasser de tonnes d’à priori à l’égard de cette littérature. 3. Parce que l’histoire en elle-même, celle d’un petit gamin nommé Ernesto, crée le branle-bas de combat. Le mouflet remet en cause non seulement l’autorité parentale mais surtout celle de l’école, jusqu’à ridiculiser les adultes engoncés dans leurs misérables et absconses certitudes. Ernesto décide de ne plus aller en classe car, c’est simple, « on lui apprend des choses qu’il ne sait pas ». Sans doute, trop curieux, préfère-t-il rêver aux véritables choses de la vie, s’inventer une liberté.
Ah ! Ernesto est un texte libertaire (apprendre à dire non !). Il nous revient mis en image avec facétie par Kathy Couprie. Les aficionados de l’auteur du Marin de Gibraltar, du Barrage contre le Pacifique, pourront se délecter d’un second album concocté à l’occasion de cette résurrection. Ah ! Duras raconte la genèse de ce texte, de 1971 à aujourd’hui. Correspondances, photos, et puis ces pages magnifiques, émouvantes, des reproductions du tapuscrit de la grande Marguerite, biffé, raturé, comme il se doit lorsqu’on écrit… même pour les minots !
Martine Laval
Ah ! Ernesto
de Marguerite Duras
Images de Katie Couprie
et Ah ! Duras,
éditions Thierry Magnier, 14,50 € chacun
Domaine français Le retour d’Ernesto
novembre 2013 | Le Matricule des Anges n°148
| par
Martine Laval
Des livres
Le retour d’Ernesto
Par
Martine Laval
Le Matricule des Anges n°148
, novembre 2013.