Les éditions Quartett ont insufflé dans le paysage de l’édition théâtrale comme une brise nouvelle : une maquette impeccable, une exigence littéraire qui fait alterner textes intimistes et parole collective, réalisme et imagination, formes polyphoniques et formes légères. En fait, c’est plus comme des éditeurs de littérature dramatique que comme des éditeurs de théâtre que Benjamin Dupré et Stéphanie Marchais se considèrent. Si cette dernière vient des arts du spectacle, et que le premier officie par ailleurs aux Éditions de Minuit, qu’on ne s’y trompe pas : Quartett est une aventure littéraire qui n’a pas besoin de recommandations, et qui trace depuis quatre ans une voie d’éclectisme et de qualité. Rencontre avec l’une des dernières nées de l’édition théâtrale en France.
Comment a démarré l’aventure Quartett ?
Quartett est née en 2006 de la volonté de divers acteurs du monde du théâtre, à la fois auteurs et comédiens, de donner une meilleure visibilité à la littérature dramatique. Au départ, il s’agissait davantage d’un groupe de lecteurs fédérés en association loi 1901, puis la nécessité de diffuser plus largement les œuvres s’est imposée. D’où la création de Quartett, toujours sous forme associative puisque notre idée de la petite édition est assez en adéquation avec les concepts de André Schiffrin à ce sujet : face aux exigences croissantes de rentabilité des groupes médiatiques, une structure éditoriale à but non lucratif est la seule façon de publier sans compromettre la qualité intellectuelle des ouvrages.
On imagine que le nom Quartett a été choisi en référence à la pièce d’Heiner Müller. Que représente pour vous ce texte ?
C’est un texte très symbolique. En premier lieu il s’agit de l’adaptation dramatique d’un roman (Les Liaisons dangereuses, ndlr), comme une synthèse des deux mondes dont nous venons. C’est un roman épistolaire qui renvoie à l’échange, à l’intime, à des notions cruciales dans notre démarche. L’engagement politique, l’histoire d’Heiner Müller sont également très importants pour nous. Il y a souvent un message de résistance aux normes dans les textes que nous publions. Le théâtre et la politique ont un rapport symbiotique. Des auteurs du catalogue tels que Lancelot Hamelin ou Philippe Malone par exemple ont cette dimension d’engagement. Frédéric Vossier est lui-même docteur en philosophie politique et auteur d’une thèse sur Hanna Arendt.
Qu’entendez-vous par engagement ? Aujourd’hui, c’est un terme qui paraît bien galvaudé, particulièrement en théâtre…
Les deux textes que nous avons publiés de Philippe Malone, Morituri et Les Prometteuses ont cette dimension. Le premier, Morituri, démonte les mécanismes de l’ascension d’un tyran dans le paysage politico-médiatique jusqu’à sa victoire. Une fois le despote élu, le peuple ne peut que se rendre à l’évidence qu’il s’est trahi lui-même par passivité en votant davantage pour le charisme d’un homme plutôt que pour son...
Éditeur Liaisons prometteuses
novembre 2010 | Le Matricule des Anges n°118
| par
Etienne Leterrier-Grimal
Depuis 2006, Quartett publie des pièces inédites de jeunes auteurs français, privilégiant leurs qualités littéraires, dans un esprit affirmé de compagnonnage.
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