Anacoluthe N°13
L’Anacoluthe : juron, monstre marin, maladie rare ? Non, figure de style, basée sur une rupture de la syntaxe, rendant un texte plus expressif. Ainsi que revue, créée en 1992 « qui prend son temps, publie peu, quand elle peut », surprenant par la qualité de ses textes et son unité. Les poèmes et nouvelles qui la composent, donnent une impression d’incorporalité, bien que le désir soit sous-jacent. Un sentiment intemporel et une volonté de délaisser toute forme d’identité et de possession. Guillaume Boppe s’interroge sur le rapport au réel « Il ignore comment ce maillot est venu à lui. Il ne sait pas si c’est la maison qui le lui a donné. » Philippe Annocque n’en finit pas de douter : « Me voici donc quasi en devoir de supposer que certains existent alors que d’autres, comme moi-même n’existent pas vraiment… » Tandis que Cédric Demangeot s’amuse avec un brin d’inquiétude de certaines expressions. « Une saute de vent », « Un pendu tout pendu » et sur sa façon de donner à son visage une forme de cul, de faire « le peu-niais ». Philippe Longchamp dans ses Compressions, concrétions et coulures recrée un langage aux images en brassées. « Au royaume des lumières tamisées qui friment, tous les pollens l’obsèdent. Je peux vous dire qu’elle en a cueilli, des montgolfières, et même avant qu’elles s’ouvrent. » Enfin, Pascale Petit conclut son Ne donne pas de réponses par « un feu d’artifice est une réponse vague comme des nuages qui vont l’un vers l’autre ». Une revue, huit auteurs aux démarches très picturales, des limbes en partage.
D. A.
L’Anacoluthe N°13
Le Roc du cavalier 105 pages, 8 €
(12 430 Ayssènes)