Tina N°4
Agacée et inquiète respectivement, par la place qu’on donne à la littérature et au sujet de son avenir, la revue semestrielle Tina (pour There Is No Alternative) mène un combat revigorant. D’abord en se donnant les moyens d’être une vraie revue. Entendez : qui propose de la création (signalons ici le drolatique Jean-Michel de Nathalie Kuperman), de la réflexion (introduite par des « questions pénibles à Olivier Cadiot » qui sous la plume de Jean-Charles Massera savent être savoureuses : « Pour le dire simplement, le fait de pas savoir des trucs (philo, science), vous le vivez comment ? (sachant que la plupart des auteurs le vivent assez bien) » ) et de l’information (critiques, notes de lectures et extraits). Si la nécessité d’être (ou de faire ?) absolument moderne peut parfois irriter, Tina dans l’esthétique d’une Chloé Delaume qui l’anime avec Éric Arlix, Emily King, Jean-Charles Massera, Émilie Notéris, Jean Perrier et Guy Tournaye parvient à être sérieusement drôle. L’édito enfonce le clou d’une rentrée littéraire sous le sceau des fenwick et du pilon, Jean Perrier réussit à dessiner le champ poétique en une sorte de west side story plutôt bien vu, et le duo Delaume / Massera s’échange des mails autour des pratiques d’écriture qui prouvent qu’on peut parler de littérature sans avoir la bouche en cul de poule et les pellicules parsemées sur la veste de tweed. Dans son format de poche à la couverture souple, Tina est un bon vade mecum pour lutter contre les infections dues à la littérature du divertissement. Réjouissant, assurément.
Tina N°4 185 pages, 10 €
éditions è®e