Comment doit-on appeler les fidèles de Robert Giraud (1921-1997), Bob pour les intimes ? Giraudiens, giraudistes ? Quelle que soit l’appellation autorisée, il faut savoir qu’Olivier Bailly compte parmi les fervents d’entre les fervents. C’est lui qui introduit ce recueil avec un portrait fort bien troussé resituant ce personnage un peu oublié. À raison on parle de Giraud comme d’un arpenteur du macadam, éminent piéton de Paname. Mais de quel Paris parle-t-on ? Le sien n’est certainement pas le nôtre. Son Paris à lui, en noir et blanc, n’existe plus que sur péloche. C’était l’époque où la Défense ne donnait pas encore le vertige, où les Halles étaient à creuser. Le Paris de Giraud, c’est celui de Doisneau, son compère en déambulations nocturnes, son acolyte en « traînasseries ». Pour Doisneau, dont on peut voir en couverture l’un des clichés qu’il a pris de son Robert de copain, Giraud jouera les cicérones by night. C’est ensemble qu’ils fricoteront avec la faune interlope du sous-Paris, celui des bas-fonds. Faut dire que Giraud a un carnet d’adresse épais comme ça : les mendigots, les galériens, les pousseurs de chansonnette qui courent le cacheton, les mauvais garçons, les dames de petite vertu au grand cœur et autres pochtrons, c’est son rayon. Dans ce livre, on rencontre quelques-uns de ces personnages originaux, en marge, croqués sur le pouce par un Giraud qui nous tient la menotte, de Montreuil au Pont-des-Arts en longeant le canal Saint-Martin. Refusées par Denoël dans les années 60, ces chroniques parisiennes nous font joliment patienter : bientôt, en effet, doit sortir une biographie signée Bailly, qui, promis juré, nous dira tout sur Robert.
Paris, mon pote de Robert Giraud
Le Dilettante, 157 pages, 17 €
Histoire littéraire L’autre piéton de Paris
juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95
| par
Anthony Dufraisse
Un auteur
Un livre
L’autre piéton de Paris
Par
Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°95
, juillet 2008.