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Théâtre Pièce patchwork

juillet 2008 | Le Matricule des Anges n°95 | par Laurence Cazaux

Transit du Catalan Carles Battle, ou l’histoire d’un voyage en train, entre une vieille et une (possible ?) nouvelle Europe.

La pièce se passe quelque part en Europe à bord d’un train. Nous suivons cinq passagers, Nina une jeune femme d’une vingtaine d’années accompagnant son père Marius vers une destination inconnue, une femme avec une mallette, le contrôleur dont on apprend qu’il est à la veille de sa retraite et un jeune homme au sac à dos et sans billet, Pol. Nous les accompagnons tout au long de cinq séquences, chaque séquence comprenant elle-même trois scènes, deux très courtes et une plus longue.
Les premières scènes reprennent et développent une même situation. Dans la plate-forme du train, une femme écoute une chanson, puis s’empare d’une mallette métallique qu’elle ouvre. Une lumière intense illumine alors l’espace. Assez rapidement, nous sommes mis sur la piste du transport d’une bombe.
Les deuxièmes scènes sont conçues comme des fragments courts, réintégrés dans les scènes trois. Ce sont ces dernières qui donnent l’action. Comme l’explique Carles Battle : « la véritable chronologie de la pièce se trouve dans la succession des troisièmes scènes de chaque séquence. »
Exposée de la sorte, la construction peut paraître compliquée. À la lecture, la forme intrigue et surprend bien sûr avec son côté puzzle, mais sans pour autant entraver la compréhension ou rendre laborieuse la plongée dans la fable. C’est comme si l’auteur nous offrait des gros plans, des mises sous loupe de moments ou de pensées, avec changements de perspective. Transit est une pièce qui nous porte dans son mouvement et son urgence. Carles Batlle y introduit plusieurs comptes à rebours : la bombe qui va exploser pour la femme à la mallette, les derniers jours de vie pour Marius qui se sait mourant ou encore le dernier jour de travail pour le contrôleur. Pour ces trois-là, le temps est compté et par moments se fige, peut-être à l’approche de la fin. Ces trois personnages, les plus vieux, vont tous disparaître, comme s’ils étaient la métaphore de la vieille Europe, seuls les jeunes vont s’échapper de ce train et survivre.
Dans Transit, l’auteur invente une autre contrainte, d’espace celle-là. Les scènes peuvent se dérouler dans la plate-forme, cet espace entre deux wagons, avec strapontins et accès aux toilettes. Dans ce cas-là, elles sont plutôt réalistes. Mais les personnages peuvent aussi se trouver en dehors de la plate-forme, dans la voiture-bar ou les compartiments par exemple, l’espace devient alors complètement mental, vide et sombre et les personnages, nous dit l’auteur, « se comportent de façon arbitraire. On ne les voit pas forcément jouer la situation qu’ils vivent ou la situation qu’ils décrivent. » Les séquences dans ou hors de la plate-forme peuvent se dérouler en même temps avec superposition des répliques.
Carles Batlle invente une double mise à distance, avec des nouveaux codes d’espace et de forme théâtraux. « Transit n’est pas un drame, explique-t-il, pas plus qu’une comédie ou une comédie musicale, ni même un spectacle visuel. Il tient un peu de tout ça à la fois, comme une sorte de patchwork, cette forme artistique rassemblant plusieurs pièces de tissu d’origines et d’aspects divers. Quand on le regarde à distance des figures inattendues apparaissent, des formes « émergentes » surgissent de la répétition, de la superposition, de la cadence ; des formes qui, tirées d’un apparent chaos, révèlent le contenu de la pièce. »
Cette grande invention, très ludique, peut parfois sembler prendre le pas sur le fond de la pièce. Retenons l’un des thèmes chers à l’auteur : le besoin de se mettre en fiction pour survivre. Peut-être en proposant d’autres codes de narration, Carles Batlle nous invite à inventer à notre tour, notre propre Transit, histoire de nous rendre actif dans cette mise en fiction.

Transit
Carles Batlle
Traduit du catalan par Isabelle Bres
Éditions Théâtrales/ Maison Antoine Vitez
76 pages, 14

Pièce patchwork Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°95 , juillet 2008.
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