Sigila N°21 (Entrelacs : Entrelaços)
Les secrets structurent mais aussi divisent les communautés jusqu’aux États. Le Portugal a vécu une dictature, celle du très catholique et anticommuniste Salazar dont le règne a duré de 1932 à 1968. Le Portugal vit-il au ralenti depuis, dans le silence et le secret, parce qu’il n’a pas eu la force, après la révolution des œillets, de remettre sur la table les conditions de ce fascisme, de cette lâcheté et les horreurs toujours tues de sa police politique la sinistre PIDE ? C’est ce qu’avance dans Sigila, revue transdisciplinaire franco-portugaise sur le secret, Béatrice Montamar, créatrice de librairies françaises à Naples et Lisbonne. Fatima Ramos, conseillère culturelle à l’ambassade du Portugal à Paris reconnaît « cette idée du secret, c’est très lourd parce que c’est la non-liberté, il y a toujours cette charge politique. » Ce numéro anniversaire (la revue a dix ans) propose également un portrait de l’écrivain Eça de Queiros, trameur d’intrigues, tisseur d’espaces, ainsi qu’un trop court projet de réponse de Fernando Pessoa à une enquête sur la revue Orpheu qui délivre en 1915, ce souhait toujours actuel : « C’est pourquoi le véritable art moderne doit être dénationalisé au maximum et cumuler en lui toutes les parties du monde. » (Sigila N°21, 300 pages, 16 € - 21, rue Saint-Médard 75005 Paris). D.A.