H.H. jeu interactif pour scolaires, étudiants, intermittents ou autres. Se joue à cinq minimum " nous prévient Jean-Claude Grumberg dans une règle du jeu. L’auteur a choisi de ne pas attribuer les répliques à tel ou tel personnage, ce qui permet à ceux qui s’emparent de la pièce d’en proposer une version personnelle. Le procédé est jubilatoire, nous sommes dans le texte-partition. Et ici la partition est rythmée, car Jean-Claude Grumberg place ses protagonistes dans plusieurs séances d’un conseil municipal houleux. L’écrivain n’invente ni dans la forme, ni dans la proposition de situation. En revanche, il offre une satire politique on ne peut plus féroce, dénonçant le nazisme. C’est drôle et très méchant à la fois, avec une bascule dans le grave aux deux tiers de la pièce.
De quoi s’agit-il ? Le conseil municipal doit face à l’imminence de l’inauguration du collège de leur commune. Il y a trois ans, la majorité avait choisi d’appeler ce collège Henrich Heine. Et là, l’opposition met son veto. Comme les deux lettres H.H. qui doivent orner le fronton du collège sont déjà coulées en bronze par un artiste, l’assemblée va chercher une autre célébrité locale avec un nom aux mêmes initiales. Une contre-proposition voit le jour, Henrich Himmler. Pour départager les deux propositions, des extraits des œuvres des deux hommes vont être lus en conseil municipal, cette lecture étant bien sûr tout à fait édifiante et terrifiante avec les lettres d’Himmler ou un extrait de ses discours secrets sur la question juive. Et pourtant, rien ne va être tranché malgré plusieurs réunions successives, car le ministre va se décommander pour l’inauguration, en laissant entendre que le simple choix des deux initiales H.H. pouvait créer un certain mystère. Cette grande démission du politique se concluant par un toast et un petit coup à boire. Prosit !
H.H. de Jean-Claude Grumberg
Actes Sud-Papiers, 64 pages, 10,50 €
Théâtre Discorde initiale
octobre 2007 | Le Matricule des Anges n°87
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Discorde initiale
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°87
, octobre 2007.