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Dossier Pierre Guyotat
À corps perdus

juin 2005 | Le Matricule des Anges n°64 | par Thierry Guichard

L’essai biographique de Catherine Brun sur Pierre Guyotat montre un homme tout entier mobilisé par la création. Ce que confirme le premier tome volumineux des Carnets de bord de l’auteur d’Éden, Éden, Éden dont sont réédités aujourd’hui les deux premiers récits. Trois façons de plonger dans les strates d’une matière écrite organique.

Voici un homme que la réputation a élevé au rang de monument vivant de la littérature. Ses livres sont aujourd’hui salués par une presse qui se garde bien de les décrypter. On évoque, un « souffle », un « univers », une « folie ». C’est qu’il n’est pas aisé, pour le moins, de faire entendre la radicalité des titres qui depuis Tombeau pour cinq cent mille soldats (1967) fouillent le terreau d’une sexualité animalisée, bestiale, où le sang, les excréments, le sperme, ont fini par féconder la langue française jusqu’à la rendre, quasiment, défigurée. Pierre Guyotat, quand on l’a lu impressionne, et il se peut même qu’il fasse peur à plus d’un. L’œuvre aux images entêtantes, répétitives jusqu’à la saturation, de scènes de viols, de crimes, de fornications, d’égorgements, déborde du foutre de ses « figures », de la salive de ses soldats et de toutes les matières que le corps exsude, vivant ou mort. Les humains se joignent aux bêtes, les rats se glissent dans le corps des cadavres, les enfants sont pénétrés, violés, tués ou deviennent d’infatigables instruments de jouissance, d’asservissement. La masturbation frénétique, lancinante, perpétuelle vient griffer chaque page de Tombeau pour cinq cent mille soldats ou Éden, Éden, Éden (1970), ses troisième et quatrième livres, dans un présent de l’indicatif qui les sature et en écrase toute perspective temporelle : tout se passe en même temps, là, sous vos yeux. Les putains (souvent mâles mais porteurs de vagin), les maîtres et les rats se partagent les caniveaux, latrines ou trottoirs proches du grand bordel cosmogonique que chante l’œuvre. C’est d’abord par ce qu’ils font surgir de la page que les livres bousculent, dérangent. Imaginez-vous plongé dans l’obscure salle d’un cinéma intérieur où les scènes seraient projetées de façon stroboscopique : gorges et sexes tranchés, ventres et bouches ouverts sur des phallus embrenés, salives mêlées au foutre, chair nue, lames qu’on enfonce dans le ventre d’une mère, d’un père, d’un enfant, fornications emmêlées de soldats et de putains, sodomies brutales, meurtres, viols, charniers, images répétitives mais toujours différentes, corps revendicatifs et impudiques, ruisseaux de sang et d’entrailles où s’abreuvent les rats, où éjaculent les hommes. Cette barbarie sexuelle a de quoi détourner le regard, comme un viol en public dans l’espace exigu d’un train.
Mais c’est aussi la langue de Guyotat qui vient secouer le lecteur, placé tout d’un coup dans une respiration impossible, essoufflé en même temps que tenu de poursuivre sa vertigineuse descente. C’est que l’organique sur quoi portait l’écriture des premiers textes a engendré une matière linguistique creusée dans la glaise de la langue française. Mots hachurés, mutilés, malaxés, mots affublés de préfixes nouveaux, mots-valises, mélange des langues, néologismes, ponctuation en double-croche, staccato syllabique : à partir de Bond en avant (1973), l’œuvre nécessite sa grammaire, son glossaire parfois (120...

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