Elle n’a pas de nom, pas plus que son énigmatique maladie. A-t-elle un « visage, un corps », se demande parfois son amant, qui doit souvent « vérifier la place et la réalité de son sexe »… Son récit n’a guère plus de consistance. Trois individus on suppose un homme et deux femmes, mais la distinction sexuelle semble ici faire problème, à partir du Q.G. La Nuit des nuits (une boîte bordelaise), se croisent et s’étreignent. Ils hantent un appartement dont le couloir obscur débouche « de l’autre côté » et où un robinet mal fermé étanche d’inextinguibles soifs : paraboles métaphysiques sans doute. Le parti pris d’irréalité glaçante peut d’ailleurs apparaître comme un juvénile hommage à Maurice Blanchot. Mais l’incertitude et le flirt avec l’inintelligibilité ne produisent pas à coup sûr une nécessité romanesque.
La Nuit des nuits, de Frédéric Mora
Le Seuil, 75 pages, 10 €
Domaine français En bref
septembre 2004 | Le Matricule des Anges n°56
| par
Gilles Magniont
Un livre
En bref
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°56
, septembre 2004.