Reproduire en fac-similé un livre rarissime du XVIIe siècle, l’éclairer par diverses approches érudites, qui prennent en compte le contenu mais aussi la forme même de l’ouvrage : l’entreprise des éditions Comp’act est originale. Avec Poésie & Calligraphie imprimée à Paris au XVIIe siècle, volume pointu et luxueux, il s’agit d’envisager sous tous ses angles l’édition originale de « La Chartreuse ou la Sainte Solitude », récemment découverte à la Bibliothèque Mazarine. Soit un poème de Pierre Perrin contemporain de La Fontaine imprimé en 1647 par Pierre Moreau, « graveur ordinaire du Roy ». Que tout ceci paraît lointain : un imprimeur (qui se mêle encore de gravure comme de dessin) entreprenait alors d’inventer des caractères « imitant l’écriture bâtarde » et composant des pages richement ornementées ; un écrivain chantait l’un des motifs religieux les plus appréciés du temps, l’apologie de la « retraite » et l’oubli du « Monde »… Il ne faudrait pourtant pas croire que ces gens-là n’aient plus rien à nous communiquer : l’astucieux Perrin, qui écrivait des « paroles de musique » pour les airs à boire comme pour les cantiques, s’était avisé de ce que « plus la phrase est courte et coupée, plus elle est propre pour la musique ». On peut donc dire qu’il sut anticiper les refrains d’innombrables rengaines. Ou tout comme : « Je décris des fameux déserts/ Qui près des vagabondes nues/ Contre les tempêtes des airs/ Vont opposer leurs cimes nues ».
Histoire littéraire Chez les yé-yé
juillet 2004 | Le Matricule des Anges n°55
| par
Gilles Magniont
Un livre
Chez les yé-yé
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°55
, juillet 2004.