Ni anges, ni démons, un bonheur fugace et un peu de nostalgie : Melitta Breznik écrit avec douceur et un tact infini sur les petites choses de la vie. L’écrivain, Autrichienne, psychiatre en Suisse, a choisi de se glisser dans ces recoins de l’esprit où les souvenirs se cachent, là où règne un silence qui ne demande qu’à être rompu. Dans son recueil de huit nouvelles, les personnages sont comme suspendus, en arrêt, pétrifiés par la prise de conscience de leur propre finitude. Une femme opérée à cœur ouvert médite sur son avenir. Une amie évoque ses relations avec un jeune homme malade du sida. Il faut un regard attendri, une oreille attentive, un lecteur bienveillant à toutes ces âmes perdues. Au détour des phrases, celui ou celle qui se confie confesse parfois une mauvaise pensée. Il faut comprendre cette infirmière à bout, lasse de voir agoniser ses patients et qu’« à midi pourtant, tout sera nettoyé, les couvertures rangées, le lit désinfecté ». Il faut imaginer les pensées de cette autre qui s’inquiète pour son ami dépressif, et qui pourtant hésite à le consoler. Et que penser de cet homme, professeur émérite, qui croise dans un asile une femme devenue folle pour avoir cru à ses promesses faciles ? Peut-être ne faut-il pas juger, juste méditer sur ces quelques tranches de vies dont il reste à imaginer la fin. Avec ce livre à la fois réaliste et intimiste, Melitta Breznik incite à l’humilité.
Miniatures de la solitude de Melitta Breznik
Traduit de l’allemand par Marie-Victoire
Nantet, Chambon/Le Rouergue, 112 p., 7,5 €
Poches Souvenirs cachés
janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49
| par
Franck Mannoni
Un livre
Souvenirs cachés
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°49
, janvier 2004.