Après un premier livre (Nous, éditions William Blake and Co) en 1997, Didier Ayres a choisi de s’isoler dans une maison familiale dans le Limousin. Ce geste a son importance : se retirer c’est donner une chance de laisser venir à soi des perceptions nouvelles, des images inédites. La parution de Comme au jour accompli aux éditions Arfuyen est ce pas gagné. On referme ce livre et ses visions s’emparent encore de nous : un monde de grandeur qui refuse la grandiloquence mais qui ne vise pas seulement dans sa contemplation à restituer la réalité. « J’ai suivi le chemin/ Des arbres et de la nuit/ J’ai traversé la rivière/ Les ruisseaux d’apparat/ J’ai franchi la forêt/ Où les constellations sont en nombre infini/ J’ai marché parmi les roses/ Et les communautés célestes. » : une perception magique de l’univers constitue le noyau de cette poésie. Elle ne vise pas l’hallucination mais elle sait transformer la présence d’un cheval, d’une rivière ou d’une fleur en des figures tutélaires hors du temps. C’est ce « jour accompli » que le titre promet par la comparaison « comme » : la poursuite d’une éternité dans le temps humain, et l’activité humaine comme justement la forme ultime pour recueillir cette manifestation du merveilleux. Ces perceptions s’irisent ainsi, dans le flux de la grâce qui les éveille : « Les chevaux qui portent/ La constellation et les cieux/ Les chevaux qui traînent/ Des chariots d’or/ Assemblés/ Au gué des eaux/ Les chevaux comme des lutteurs/ Dans la nuit flamboyante. »
À quarante ans, Didier Ayres parvient en effet à écrire cette poésie « magie naturelle » dont nous parle le poète Jean-Yves Masson dans sa postface : « La chose désignée par le poème devient une note dans la partition qui la compose prudemment avec d’autres, jusqu’à ce que naisse quelque chose comme un chant qui ne cède pas aux illusions de l’ancien lyrisme. »
Comme au jour accompli
Didier Ayres
Arfuyen
91 pages, 13,5 €
Poésie Magie naturelle
juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45
| par
Maïa Bouteillet
Un livre
Magie naturelle
Par
Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°45
, juillet 2003.