Typique de la littérature vendue sous le manteau dans les années 1930, La Papesse du diable est un « roman de mystère, de magie et d’amour » qui décrit la destruction de la civilisation occidentale par une sublime Archimagesse babylonienne. C’est une apocalypse saphique et orgiaque menée tambour battant sur l’air du Péril jaune. Le livre doit sa réédition à une présomption : Robert Desnos aurait écrit l’opus avec le fantasque Ernest Gengenbach (Jean Genbach dit, 1903-1973), l’auteur de Satan à Paris (1927). Jean José Marchand a pourtant montré en 1998 lors du colloque consacré aux Ratés de la littérature que le pseudonyme de Pierre de Ruynes, « satyre lyrique », ne masque pas Desnos mais un certain Pierre Renaud (1894-1965), romancier populaire et poète oublié. L’autorité de Gengenbach elle-même est incertaine : la très « coquine » Renée Dunan aurait mis la main à la pâte. Qu’importe, cette Papesse ne manque pas d’allure.
LA PAPESSE DU DIABLE
JEHAN SYLVIUS ET PIERRE DE RUYNES
Ombres- 118 pages, 59 FF (8,99 o)
Histoire littéraire La papesse du diable
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Éric Dussert
Un livre
La papesse du diable
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°35
, août 2001.