Figure incontournable du paysage médiatico-poétique aujourd’hui, André Velter poursuit une oeuvre où le monde devient chant. Cet éternel voyageur, en recherche de l’Orient, éprouve une extrême jubilation à être sur le devant de la scène. Questions d’altitude.
Responsable de Poésie/Gallimard, de la collection L’Arbalète chez le même éditeur (huit titres par an), de l’émission Poésie sur parole sur France Culture, André Velter est avant tout poète pour de nombreux lecteurs (la publication en poche de Zingaro, suite équestre s’est vendue à plus de quinze mille exemplaires). Désigné par certains comme « Pape de la poésie », André Velter a la lourde tâche de s’intéresser à ce domaine littéraire aux ventes souvent marginales devant les romans et les essais, mais d’une richesse éditoriale conséquente. Depuis sa première publication à la fin des années soixante (Aïcha, avec Serge Sautreau) jusqu’à la publication en Poésie/Gallimard de L’Arbre-Seul (décidée avant qu’il n’en soit responsable) et le dernier volume d’une trilogie en mémoire de son amie, l’alpiniste Chantal Mauduit (Une autre altitude), André Velter n’a cessé de créer une poésie au souffle puissant, sans pathos, née de rencontres, de voyages, et de cet étonnement inépuisable qui exhorte à la révolte ou à l’amour, si ce n’est la conjugaison sensuelle, et toujours sincère, des deux. L’homme n’a jamais cherché, avec aigreur ou cynisme, la lutte entre clans poétiques, mais il est vrai que pour nombre d’auteurs et d’éditeurs on l’aime ou on le déteste. L’importance de ses fonctions éclipse parfois un auteur dont la finesse du chant ne saurait échapper à tout lecteur bien-né. Velter sait comme nul autre voir dans un instant le chant qui en émerge, ou qui lui manquait, pour le saisir comme une flèche et l’adresser à nouveau au monde, dans l’exactitude d’un geste, d’un tracé, qui le place aux côtés de nombreuses poésies lyriques étrangères, et que confirme la récente publication d’un récital en CD.*
Vous achevez avec Une autre altitude une trilogie en mémoire de votre amie l’alpiniste Chantal Mauduit. Comment sont nés ces ouvrages ?
Le premier livre, Le Septième sommet, je ne l’ai pas écrit : il s’est écrit. En huit jours, après la mort de Chantal Mauduit. Le premier poème était une lettre adressée à sa soeur. Non pour la consoler mais pour dire qu’on pouvait partager quelque chose. Tout de suite m’est revenu le poème de Catherine Pozzi Très haut amour. J’ai continué… un jour je les ai comptés : il y en avait trente-quatre, l’âge de Chantal. J’en ai conclu que c’était terminé. En les relisant plus tard, j’ai vu que cela était composé comme un livre. Je l’ai montré à des amis qui m’ont dit qu’il ne fallait pas être hypocrite et le publier. Pour les suivants, il n’y a plus cette innocence-là. C’est lié notamment à la rencontre fortuite avec les troubadours de l’ouvrage Fin amor. En les redécouvrant, il y a eu une annulation des temps, seule façon de contrer la mort.
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Entretiens Nomade Velter
août 2001 | Le Matricule des Anges n°35
| par
Marc Blanchet
Un auteur
Des livres