Panorama de la littérature fantastique de langue française
La collection « Les Maîtres de l’imaginaire » remet à la disposition du public un passe-partout de 1978 bourré d’informations et de références qui manquait fort. Ce Panorama est un ouvrage diablement utile. Notamment parce qu’il s’agit du livre d’un lecteur. Pas un lecteur chichiteux, snob ou coupeur de cheveux en quatre et cantonné aux domaines balisés par ses prédécesseurs. Bien au contraire, le Panorama est le fruit des lectures d’un gourmand pour qui « le fantastique constitue une des lignes les plus riches (…) et les plus nécessaires de la création romanesque ». L’aveu ne manque pas de poids lorsqu’il est formulé par un homme qui peut se prévaloir d’un demi-siècle de découvertes bibliographiques, de longues traques aux ouvrages négligés.
Analysant les influences de la littérature fantastique mais aussi sa réception et ses grands moments, cette somme est construite comme un parcours chronologique depuis le préfantastique d’Hoffmann jusqu’au renouveau français contemporain. De Cazotte à Claude Klotz en passant par le docteur Lucien Graux (1878-1944), surprenant ésotériste bibliophile assassiné à Dachau, Baronian passe en revue les petits et les grands jusqu’à l’écrasante irruption des Anglo-saxons contemporains.
Réputé pour la qualité de ses nombreuses anthologies de contes, récits et nouvelles fantastiques, Baronian avait déjà conquis l’estime des amateurs en créant au sein de la maison Marabout la prestigieuse collection Fantastique. Si l’on n’oublie pas qu’il est l’auteur de polars sous son nom ou divers pseudonymes (Alexandre Lous par exemple), qu’il tient la chronique bibliophilique du Magazine littéraire, il est clair qu’il s’impose comme l’une des plus solides références de sa partie. Une position qui ne doit pas occulter son récent polar des neiges, L’Apocalypse blanche (Métaillé) ou De tout mon cœur (Gallimard-Jeunesse), récit des interrogations sur l’amour maternel de Polo le petit ours polaire, de Pinpin le Pingouin et de Félicien le bébé phoque. Reste que ces derniers ne feront jamais partie du « monde sulfureux de l’imaginaire » où naviguent à nos risques et périls « les spectres, les revenants, les loups-garous, les entités monstrueuses, les dieux déchus » de Lovecraft ou de Jean Ray. Tant pis pour eux.
Panorama de la littérature
fantastique de langue française
Jean-Baptiste Baronian
La Renaissance du livre -325 pages, 125 FF