La poète et universitaire Béatrice Bonhomme ressuscite son compatriote Armand Lunel (1892-1977), un écrivain d’Aix-en-Provence, affidé de la maison NRF, dont le renom a bien décliné. Le singulier Frère gris est un beau poème en prose, un inédit dont la provenance est tue, c’est dommage. On sait qu’il fut rédigé en 1912 et 1913, qu’il est composé de sept chants déclinés sur les jours d’une semaine. C’est un texte très lyrique, méditatif, contemplatif même, au charme suranné. « Je suis comme un coin de campagne qui porterait mon nom : quelques champs au bord de la route, une colline qui s’incline. On passe devant sans rien dire –et c’est tout. Peut-être. » Évocation mélancolique de l’enfance engloutie, il emprunte son nom au chemin d’Aix où le jeune Lunel, normalien en vacances, devisait en compagnie de son ami Darius Milhaud. En 1908, ils avaient créé ensemble un opéra-bouffe, Esther de Carpentras. Avait-il la saveur de Frère gris et sa somptueuse couverture bleue ?
É. D.
Frère gris
d’Armand Lunel
L’Amourier
89 pages, 95 FF
Histoire littéraire Frère gris
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Éric Dussert
Un livre
Frère gris
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°31
, juillet 2000.