Écrivain, traducteur et critique littéraire, Pierre Pachet nous livre ici une « leçon de poétique » qui se donne pour ambitieux projet de saisir dans les détails de la vie intérieure et quotidienne les éléments qui favorisent ou empêchent l’acte de création.
Loin des tenants de l’écriture comme maturation et travail, Pierre Pachet part du constat que la conscience n’est pas un flux, que le temps exige d’elle un effort « par lequel elle se transporte de moment en moment », pour dresser l’éloge de l’ennui, « virtualité fourmillante » propice à l’apparition des idées. Ces dernières seraient alors accueillies dans un fantasmatique « vivarium d’idées » où elles attendraient sereinement leurs formes sans que l’auteur ait à les brusquer.
Recourant, sans jamais s’y attarder, à la psychologie, à la philosophie et même au darwinisme, Pierre Pachet entreprend ensuite de prouver, très didactiquement, qu’il ne faut pas séparer idée et émotion, avant de se lancer dans l’analyse minutieuse des téléphones -fixes et portables- depuis leur utilisation, causée par la peur d’être seul avec soi, mais qui permet néanmoins de rentrer en « connexion » avec d’autres « espaces intimes », jusqu’au risque de sombrer dans la conversation… pourtant pleine de virtualité, comme l’ennui. Lequel finit malheureusement par envahir le lecteur lorsque, de nouveau, est lentement brossé un éloge de la dispersion, de l’attention partielle et d’une forme littéraire fluctuante, entre essai et journal intime, qui éviterait ainsi la rigidité des formes classiques.
Le livre achevé, reste surtout le regret de n’avoir pas ressenti d’émotion à la lecture d’une œuvre qui la prend pour guide et d’avoir papillonné avec l’auteur sur de si nombreuses fleurs que le temps est passé sans offrir de nectar.
L’œuvre des jours
Pierre Pachet
Circé
114 pages, 98 FF
Domaine français La poétique du papillon
mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30
| par
Jérôme Pellissier
Un livre
La poétique du papillon
Par
Jérôme Pellissier
Le Matricule des Anges n°30
, mars 2000.