Un conseil : procurez-vous le catalogue des éditions Plein chant. Vous tomberez sûrement sur la photographie d’un auteur, au visage rude et paillé. Il s’agit de Marius Noguès. Écrivain rural (il a cultivé ses 25 ha jusqu’en 1979), ses livres, tout menus, agissent comme un baume, gorgé de soleil, irrigué par un chant pastoral qui puise ses couleurs et son accent de la plaine de l’Arros, cette plaine qui sent « l’Armagnac et la truite » à la croisée du Gers et des Hautes-Pyrénées. Sa langue, à la fois simple et truculente, naïve et charnue, pas avare d’inventions (quand elle n’est pas amère lorsqu’il faut dénoncer les « flagrantes impostures de faux progrès ») tord le cou aux caricatures. Paysan parmi les paysans, Marius Noguès raconte perpétuellement, comme pour lui donner une espèce d’éternité, la vie de son village et de ses mœurs, mutilée par les mutations. Son propos prend parfois l’apparence du manifeste (Grand Guignol à la campagne (1976)) ou celle de la fable (Petite Chronique de la boue (1957), peut-être le plus réussi) : mais qu’elle soit un peu désespérée ou joliment caustique, sa plume libère une énergie germinative diablement communicative. On sort de ses livres avec une double certitude : cette campagne est vraiment merveilleuse, et dans cinquante ans, ces pages n’auront pas pris une ride.
Contes de ma lampe à pétrole 152 pages, 45 FF
Grand Guignol à la campagne 142 pages, 51 FF
Petite Chronique de la boue 110 pages, 60 FF
Éditions Plein Chant 16 120 Bassac
Domaine français Noguès, la terre éternelle
juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16
| par
Philippe Savary
Des livres
Noguès, la terre éternelle
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°16
, juin 1996.